Photo : M. Hacène Par Lyès Menacer Un autre vétéran du football national, longtemps oublié dans les archives de l'histoire, Amrous Amar, ancien avant-centre de Bordj Menaiel, a été sorti de l'oubli grâce à l'hommage auquel il a eu droit vendredi soir à la kheïma de solidarité du quotidien La Tribune. A soixante-seize ans, Amrous Amar redécouvre encore une fois que si les responsables du football national l'ont oublié, comme tout le reste des anciens joueurs algériens qui avaient joué pour les couleurs, les amoureux du sport-roi, la nouvelle génération d'Algériens se rappelle toujours de ses prouesses et de ses succès, tellement nombreux qu'un livre ou un documentaire ne suffiraient pas pour les relater. Vendredi soir, Amrous s'est retrouvé parmi les siens, ceux qui l'aiment et qui apprécient d'abord en lui ses qualités humaines. Ce natif de Bordj Menaiel affirme n'avoir jamais quitté sa région natale où il vit toujours et continue d'exercer son métier d'agriculteur qu'il aime comme il aime le ballon rond. Né en 1936, Amrous amar a intégré le JSM Bordj Menaiel à l'âge de 15 ans dans la catégorie des juniors. Mais au milieu de la saison, il sera enrôlé dans l'équipe séniors qu'il ne va quitter qu'à l'âge de 38 ans. «Avec l'arrivée d'une nouvelle génération, j'ai senti que je devais quitter le terrain et laisser ma place aux jeunes», a-t-il expliqué, sourire en coin. Au début de sa carrière, Amrous Amar avait évolué au milieu de grandes stars du football à l'époque dont on peut citer les frères Takjrat (Hocine et Rabah), Naïli Mohamed et Tonkn Hocine. Il aura aussi l'occasion d'accompagner les nouveaux arrivants comme Chih Amar, Amazouz Youcef, Guessoum Saïd, Kharroub Ali, etc. La saison 1972-1973 a marqué la fin d'une carrière riche en évènements pour Amrous Amar qui, avant de quitter le terrain, avait laissé une relève au sein même de sa propre famille. Cinq de ses frères dont l'un d'eux, en l'occurrence Sadek, a été président du Mouloudia Club d'Alger, sont tous passés par le JSM Bordj Menaiel. Le dernier de ces frangins, Tayeb, décédé lors d'un match contre l'USM Annaba (à 18 ans), avait intégré cette équipe de Bordj Menaiel à l'âge de quatorze ans avant de rejoindre les rangs du MCA quelque temps plus tard. Depuis treize ans maintenant, Amrous Amar et Agraniou Achour gèrent une école privée de football à Bordj Menaiel. Cet établissement d'éducation footballistique s'appelle El-Moustakbel et il est ouvert à la catégorie des benjamins et des poussins. C'est parce que ces deux hommes pensent que l'avenir du football algérien réside dans la formation d'une nouvelle génération de jeunes footballeurs dont certains sont déjà sélectionnés dans les équipes nationales des petites catégories, a indiqué Amar, fier de contribuer à sa manière à l'épanouissement de cette discipline en Algérie. «L'an dernier, nous avons reçu plus de deux cents gosses pour intégrer notre école. Des bénévoles nous aident avec l'argent et les moyens de transports lors de nos déplacements pour les matchs amicaux avec d'autres écoles des wilayas du centre du pays. L'essentiel est que les enfants soient encadrés et pris en charge au lieu de traîner dehors et tomber dans le piège de la délinquance et de la drogue», a-t-il déclaré en marge de la cérémonie d'hommage que La Tribune a bien voulu lui rendre. Pendant deux ans, l'école El-Moustakbel a reçu en son sein deux cents enfants des employés de la Société nationale des hydrocarbures (Sonatrach). Aujourd'hui, cet établissement poursuit sa mission d'éducateur et de formateur des futurs talents mais avec des moyens rudimentaires parce qu'elle manque de l'essentiel : des terrains et des aires de jeux dont les habitants de Bordj Menaiel ont tous besoin. Les autorités devraient en fait penser à doter cette ville de l'infrastructure sportive nécessaire pour lui permettre de garder cette réputation de pépinière du sport national. Parce que Bordj Menaiel le mérite bien, parce que c'est le grand hommage que l'on peut rendre à Amrous Amar qui, vendredi soir à La Tribune et pendant deux minutes, n'avait pas trouvé quoi dire à cette assistance qui lui a dit merci à sa manière.