L'audience de comparution initiale de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, soupçonné de crimes contre l'humanité commis à la suite de l'élection présidentielle de novembre 2010, s'est ouverte hier devant la Cour pénale internationale (CPI). Durant cette première audience, qui a duré moins d'une demi-heure, l'ancien président de la Côte d'Ivoire s'est vu confirmer les charges retenues contre lui. Le perdant de la présidentielle d'octobre 2010, face à Alassane Ouattara, est soupçonné d'être «coauteur indirect» de crimes contre l'humanité lors des violences post-électorales de 2010-2011, à savoir meurtres, viols, actes inhumains et persécutions commis par ses forces entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Son refus de céder le pouvoir à son rival et actuel président, Alassane Ouattara, avait plongé le pays dans une crise meurtrière qui avait fait 3 000 morts.«Bonjour madame la présidente, je vous remercie de me laisser prendre la parole, je m'appelle Laurent Gbagbo», a répondu l'ancien président à la juge présidente Silvia Fernandez de Gurmendi, qui lui demandait de se présenter, peu après le début de l'audience.Après avoir décliné son identité, Laurent Gbagbo s'est exprimé pour la première fois devant les juges de la CPI. «Les conditions de détention sont correctes. Elles sont normales», a-t-il jugé, pour mieux souligner la suite : «mais ce sont mes conditions d'arrestation qui le sont moins. J'ai été arrêté le 11 avril sous les bombes françaises», a lancé Laurent Gbagbo, 66 ans. «C'est l'armée française qui a fait le travail», a-t-il souligné. Soixante-dix personnes, surtout des journalistes mais aussi des conseillers de l'ambassade de Côte d'Ivoire aux Pays-Bas, le président et des juges de la Cour ont assisté à cette audience. La présidente demande ensuite à Laurent Gbagbo de s'exprimer sur les conditions de sa remise à la Cour et de détention à la prison de la CPI, où il est écroué depuis mercredi. L'ex-chef d'Etat n'a pas eu grand-chose à dire sur les conditions de sa détention, qu'il juge «correctes». Ce sont celles de son arrestation, le 11 avril à Abidjan, qu'il dénonce. Il réitère qu'il a été arrêté «sous les bombes françaises». Premier ex-chef d'Etat remis à la CPI, entrée en fonction en 2002, Laurent Gbagbo, 66 ans, était vêtu d'un costume sombre, d'une chemise blanche et portait une cravate bleue. Cette comparution initiale doit notamment permettre aux juges de vérifier l'identité du suspect et s'assurer qu'il a été informé clairement des charges portées contre lui et des droits que lui reconnaît le Statut de Rome, traité fondateur de la Cour. M. Gbagbo a été écroué mercredi à La Haye. La juge présidente, l'Argentine Fernandez de Gurmendi, devrait également annoncer la date de l'audience de confirmation des charges, étape préalable à la tenue d'un éventuel procès contre l'ancien président. R. I.