Photo : Sahel Par Karima Mokrani Le cancer, en Algérie, continue de constituer un véritable problème de santé publique. Les personnes qui en sont atteintes augmentent en nombre chaque année, alors que les centres de prise en charge restent réduits et très peu efficaces. Selon les derniers chiffres donnés par le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, l'année dernière, à la veille de la présentation de son plan national contre le cancer, le taux d'incidence du cancer en Algérie était de 110 pour 100 000 habitants. 44 000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année. 28 000 cancéreux nécessitent une radiothérapie mais à peine 8 000 bénéficient d'une prise en charge correcte et complète. Manque de structures, de moyens matériels, de personnels médical et paramédical... et depuis près de deux années, une pénurie criante de médicaments nécessaires pour la chimiothérapie. Les malades en souffrent et les médecins avec eux. Ces derniers qui assistent, impuissants, à la perte de vies humaines mais aussi à la perte des fondements mêmes du système national de santé publique. Dernièrement, le ministre de tutelle et le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ont annoncé un ensemble de mesures censées régler définitivement le problème de pénurie des médicaments : paiement de plus de 27 milliards de dinars de dettes de la PCH (Pharmacie centrale des hôpitaux) et suppression du credoc, de façon à faciliter la procédure d'importation des médicaments et réduire les délais d'acquisition. Lors d'une journée parlementaire sur la vaccination, mercredi dernier, le ministre Ould Abbès a assuré et rassuré qu'à la faveur de ces mesures, cette pénurie des médicaments disparaîtra définitivement : «L'on n'entendra plus parler de manque de médicaments en 2012». Sur le terrain, la réalité est tout autre. Les malades continuent de se plaindre d'un grand manque de médicaments, notamment les antalgiques et les anti-douleurs pour ne citer que ceux- là. «C'est un problème réel. Nous n'inventons rien… Nous souffrons terriblement. Il faut que l'Etat règle ce problème définitivement... Le ministre parle de lobbies et de mafia de médicaments mais il ne fait rien pour y faire face. Il se plaint mais ne réagit pas. Il semble même demander l'aide des malades comme si nous pouvions faire quelque chose contre ces dysfonctionnements. Ce n'est pas logique. S'il n'est pas capable de faire face, qu'il démissionne ! Ou il est ministre ou il ne l'est pas», se plaint un homme, la soixantaine, atteint justement de cancer. Les malades s'en plaignent, les praticiens de la santé aussi, à leur tête les médecins résidents. Ces derniers qui ont décidé de reprendre la protestation, non pas pour défendre des intérêts socio-pédagogiques, mais pour dénoncer les discours optimistes des officiels qui contredisent le vécu réel des malades. «Halte aux discours ! Halte à la démagogie !», lancent-ils. En attendant une véritable résolution du problème basée sur une vision claire, à long terme, des malades atteints du cancer meurent dans l'anonymat. Des familles entières sont endeuillées, faute d'une prise en charge sérieuse du problème. K. M. La PCH rassure La direction de la Pharmacie centrale des hôpitaux réfute les accusations des malades et assure de la disponibilité des produits anti-cancéreux. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, la PCH indique que les produits anti-cancéreux sont à usage hospitalier et sont dispensés gratuitement par l'hôpital. A cet effet, poursuit-elle, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a mis en place un dispositif global pour la prise en charge des patients nécessitant ce type de médicament. Le diagnostic établi, le patient est pris en charge soit dans un service hospitalier ou bien à titre ambulatoire. Les médicaments étant fournis gratuitement par la pharmacie de l'établissement.