Les travailleurs et fonctionnaires du secteur de la Solidarité sont en colère. Ils réclament le versement de leurs salaires impayés et la révision de leur statut particulier jugé «attentatoire et scélérat». A cet effet, un préavis de grève nationale de deux jours a été lancé pour le 11 avril prochain par la Fédération nationale des travailleurs et fonctionnaires de la solidarité nationale (Fntfsn). C'est l'annonce faite, hier à Alger, lors d'une conférence de presse, par le secrétaire général de cette fédération affiliée au Snapap (Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique), Farid Bougara. Les protestataires au nombre de 20 000 à l'échelle nationale prévoient également un rassemblement, ce samedi 7 avril, devant le siège du ministère de tutelle, comme une énième tentative d'attirer l'attention des cadres de ce département, à leur tête Saïd Barkat, ministre du secteur, sur leurs conditions socioprofessionnelles qualifiées de «catastrophiques». «Aujourd'hui, un fonctionnaire de la solidarité nationale et de l'action sociale ne peut plus survivre de son maigre salaire, encore faut-il qu'il le perçoive», s'offusque le syndicaliste qui accuse le premier responsable de la Solidarité nationale, M. Barkat, d'avoir délaissé ses propres employés alors qu' «on multiplie les actions de solidarité et de bienfaisance, dans lesquelles les travailleurs s'investissent de toutes leurs forces». Les protestataires se retrouvent dans une situation paradoxale. «Nous sommes des cas sociaux alors même que nous travaillons pour le secteur de la solidarité !», ironise avec néanmoins beaucoup d'amertume M. Bougara qui appelle les employés de la solidarité et de l'action sociale des 48 wilayas à venir nombreux au «rassemblement de la dignité», le 7 avril, après que «toutes les voies de recours ont été épuisées sans qu'il y ait de répondant». S'agissant des arriérés de salaires, le syndicaliste souligne que le non paiement de ceux-ci depuis plusieurs mois est une atteinte à la dignité des employés du secteur, attestant que cette situation perdure depuis 4 années. Il relève, dans ce cadre, que «ceci est dû à l'impréparation et l'absence de prévisions budgétaires chez la tutelle». En ce qui concerne leur statut particulier, les travailleurs de la solidarité et de l'action sociale y voient un code «scélérat en deçà des aspirations, et foncièrement discriminatoire comparativement aux statuts des autres secteurs». Ils déplorent l'absence de répondant de la part de la tutelle à propos de l'amendement du statut pour lequel, pourtant, une commission ministérielle a été constituée. «Le dernier amendement remonte au 26 janvier dernier et depuis, aucune réponse ne nous a été signifiée», déclare Farid Bougara qui fait part d'un sentiment de «frustration» chez les employés. Outre le paiement des arriérés et salaires et la révision du statut particulier, les employés fonctionnaires réclament le libre exercice syndical, suite aux menaces dont ils affirment être l'objet de la part des directeurs de l'action sociale (DAS) du pays tendant à les dissuader. «Pendant longtemps, la tutelle a pris l'habitude d'agir seule sans partenaire social. En tentant de nous dissuader d'engager des actions de protestations, elle donne l'impression de vouloir contrôler l'exercice syndical !» Y. D.