L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et l'Iran se réuniront à nouveau demain dans la capitale autrichienne Vienne pour tenter de trouver un accord sur le programme nucléaire iranien. Un accord qui permettra notamment l'accès au site militaire suspect de Parchin. Ce énième round de négociations sera piloté côté AIEA par le chef des Inspecteurs, Herman Nackaerts, et le directeur général adjoint, Rafael Grossi, côté Iran par l'ambassadeur Ali Asghar Soltanieh, avait précisé le directeur de l'AIEA Yukiya Amano lors du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, réuni à huis-clos jusqu'à demain. L'enjeu majeur consiste pour les parties à mettre la dernière main à un accord-cadre visant à vérifier la nature du programme nucléaire iranien. A la mi-mai, des consultations encourageantes avaient déjà eu lieu à Vienne, suivi d'un voyage-éclair de Yukiya Amano. A son retour le 22 mai, il avait proclamé la signature très prochaine d'un accord avec l'Iran, mais les choses ont semblé se tasser depuis, l'Iran montrant, selon des diplomates occidentaux, peu d'empressement à parapher un texte. Le responsable iranien du dossier avait laissé entendre en début de semaine qu'il existait de réelles chances pour qu'un terrain d'entente soit trouvé entre les deux parties. L'AIEA veut obtenir une réponse à toutes les questions soulevées dans ce rapport, et l'accord sur une «approche structurée» doit permettre de définir un cadre de vérification pour ses inspecteurs, qui veulent accéder à tous les sites, documents ou individus susceptibles de les aider dans leur enquête. Une visite du site militaire de Parchin près de Téhéran, réclamée depuis des mois par l'Agence, doit être incluse dans ce document. Le temps presse aux yeux de l'AIEA car elle craint que l'Iran ne soit en train de nettoyer le bâtiment qui l'intéresse et ses alentours. La conclusion d'un accord avec l'AIEA apporterait un coup de pouce au processus diplomatique avant la reprise des discussions avec le Groupe 5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne) les 18 et 19 juin à Moscou. Washington s'est pourtant d'ores et déjà déclaré sceptique sur l'issue de la réunion. «J'espère bien sûr qu'un accord sera conclu mais je ne suis pas sûr que l'Iran soit prêt», a indiqué le chargé d'affaires américain auprès de l'AIEA Robert Wood. L'Union européenne (UE) a appelé, pour sa part, l'Iran à signer cet accord «sans autre délai». «Je suis toujours optimiste», a déclaré mercredi de son côté M. Soltanieh à des journalistes en marge du Conseil des gouverneurs. «J'espère que (...) les deux parties seront en mesure de trouver un dénominateur commun», a-t-il ajouté. Les grandes puissances, faut-il le souligner, soupçonnent l'Iran de vouloir développer l'arme nucléaire sous couvert de son programme civil. Chose que dément catégoriquement Téhéran. Dans un rapport en novembre, l'agence avait publié un catalogue d'éléments présentés comme «crédibles» indiquant que la République islamique avait travaillé à la mise au point de l'arme atomique avant 2003, et peut-être ensuite. A Bagdad fin mai, les 5+1 s'étaient séparées sur un constat de profondes divergences, notamment sur la question sensible de l'enrichissement d'uranium à 20% qui rapproche l'Iran du niveau nécessaire à la fabrication de la bombe (90%). A défaut de progrès à la réunion de Moscou les 18 et 19 juin prochains, un embargo européen sur le pétrole iranien sera mis en œuvre dès le 1er juillet. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a estimé pour sa part, hier à Pékin, que de nouvelles sanctions seraient «totalement contre- productives». G.H/Agences