Le programme nucléaire de l'Iran est au cœur des discussions du conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui se réunit à huis clos depuis hier à Vienne. Le sommet de l'AIEA accueillera vendredi le représentant iranien auprès de l'agence, a annoncé hier son directeur, Yukiya Amano. Malgré les démentis successifs et fermes de Téhéran, les gouvernements israélien et occidentaux soupçonnent le programme nucléaire civil iranien d'intentions cachées, dont la possible introduction d'armes nucléaires. Téhéran a rappelé dimanche son “droit” à l'enrichissement d'uranium civil, conformément au traité de non-prolifération nucléaire. Le programme nucléaire iranien possède néanmoins de nombreuses zones d'ombre que l'AIEA entend lever par la signature d'un accord avec la République islamique. Dans un rapport récent, l'AIEA signalait le renforcement de la capacité de production dans le site nucléaire de Fordo. Ce dernier, situé sous une montagne à 150 km au sud-ouest de Téhéran, abriterait 3000 centrifugeuses, et l'uranium y serait enrichi jusqu'à 20%. L'uranium attendrait alors le seuil au-delà duquel il est dit “hautement enrichi”, sans toutefois l'être suffisamment pour une utilisation militaire. Dans ce même rapport, l'AIEA suspectait le site militaire de Parchin, près de Téhéran, d'accueillir des activités nucléaires illicites et des tests d'explosion conventionnelle pouvant être appliquées au nucléaire. L'AIEA enjoignait alors l'Iran à conclure un accord qui permettrait à ses inspecteurs d'accéder aux sites, documents et personnes susceptibles d'aider l'agence à faire le jour sur le programme nucléaire iranien. à l'ouverture du conseil des gouverneurs de l'agence onusienne, Yukiya Amano a réitéré sa demande et a déclaré : “J'invite l'Iran à signer et mettre en œuvre dès que possible” un accord sur une “approche structurée” visant à clarifier la nature du programme nucléaire iranien et à “procurer un accès rapide au site (militaire) de Parchin”. Le directeur de l'agence a ajouté : “L'Iran n'apporte pas la coopération nécessaire permettant à l'agence de (...) conclure que tous les matériaux nucléaires en Iran sont utilisés à des fins pacifiques.” De retour d'un voyage à Téhéran, Yukiya Amano avait pourtant affirmé, le 22 mai, qu'un accord serait signé rapidement. Si l'accord n'a toujours pas vu le jour, du côté iranien l'optimisme semble prévaloir. “Après la visite du directeur de l'agence Yukiya Amano, un nouveau chapitre s'est ouvert dans la coopération entre la République islamique et l'agence”, a annoncé hier l'ambassadeur iranien auprès de l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh. L'enjeu de cette réunion est de tenter de créer des bases coopératives avec l'Iran avant la reprise des négociations avec le Groupe des 5+1 (états-Unis, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et Allemagne) qui se tiendront les 18 et 19 juin à Moscou. La dernière réunion du groupe s'était soldée par un constat de divergences, notamment sur la question de l'enrichissement à 20% de l'uranium iranien. M. C. F.