Photo : S Zoheir Par Samira Imadalou Le débat sur la relation banques entreprises est remis à l'ordre du jour après la rencontre organisée lundi dernier à l'initiative du Forum des chefs d'entreprises. Après les critiques des hommes d'affaires et des experts, qui ont soulevé la contrainte liée au financement du secteur privé et le faible engagement des banques dans la prise de risques, c'était autour hier de l'Association des banques et établissements financiers (Abef) de répliquer par le biais de son délégué général et de son président, respectivement M. Abderrazek Trabelsi et Djamel Bessa. Les représentants de l'association ont clairement rejeté les «accusations» portées à l'encontre des banques, réfutant toute frilosité du secteur dans le financement des entreprises. «Le problème n'est absolument pas là (les banques ndlr). C'est un mauvais procès», a déclaré M. Trabelsi sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, affirmant que «les banques sont accusées à tort, totalement, parce que le diagnostic est erroné». «Arrêtons les procès d'intention, soyons objectifs dans notre analyse, dépassionnons les débats, et avançons ensemble», a lancé, pour sa part, M. Bessa cité par l'APS. Mais aussi parce que les demandes de financement émanant des entreprises ne portent pas sur l'investissement productif mais sur les opérations d'import-import. Le délégué général de l'Abef, qui a parlé d'un «effet d'aubaine», explique en effet que les demandes de financements portent essentiellement sur l'importation et non sur l'investissement industriel. Pourquoi ? En réponse à cette question, il dira que : «Le nombre de projets d'investissements productifs est faible parce qu'il y a plus de difficultés à aller vers l'investissement industriel». Reconnaissant par ailleurs que les banques sont loin d'être efficaces en matière de maîtrise des risques, M. Trabelsi a jugé que la prudence est normale sans être excessive comme le souligne régulièrement le patronat. Un avis qui converge avec celui de M.Bessa qui dira à ce sujet : «Aucun banquier n'aimerait garder de l'argent oisif dans ses coffres et refuser de le fructifier. Mais, tous les banquiers tiennent à le fructifier dans des conditions de risques gérables et acceptables.» Et d'ajouter : «Si j'avais à choisir en tant que banquier entre prendre des risques inconsidérés en finançant un projet qui n'est pas rentable en étant sûr de ne pas pouvoir récupérer mes capitaux, et garder l'argent oisif, je préfère garder l'argent oisif.».En résumé, pour l'Abef, les banques sont loin d'être à l'origine du blocage de l'investissement, mais la problématique de la relance et de la diversification économique nécessite l'amélioration du climat des affaires à travers tous ses aspects et non en une accentuation des critiques à l'égard des banques qui, faut-il le rappeler, ont contribué au cours du 1er semestre 2012 à hauteur de 2 121 milliards de dinars dans le financement du secteur privé (une hausse de 65% par rapport à la même période de 2011).Au total, selon le président de l'Abef, les crédits à l'économie progressent, en moyenne, de 20% annuellement. Ce qui représente, selon la même source, 5 fois la croissance économique du pays. A titre indicatif, l'encours des crédits à l'économie, a-t-il poursuivi, dépasse les 4 000 milliards de dinars. Cependant, le niveau des encours, en dépit de sa diminution, reste important. Ce qui pose «un problème qu'il faut analyser de manière sereine et objective avec nos partenaires». S. I.
200 milliards de dinars de créances bancaires en défaillance rééchelonnées Selon le président de l'Abef, près de 200 milliards de dinars de créances bancaires en défaillance, de PME confrontées à des difficultés de remboursement ont été rééchelonnées. L'annulation des agios des entreprises bénéficiaires du rééchelonnement a coûté aux banques de la place «entre 30 à 35 milliards de dinars» depuis l'entrée en vigueur de cette mesure, prise lors de la tripartite économique Gouvernement-Ugta-Patronat tenue fin mai 2011. «De nombreux dossiers ont été traités dans le cadre de l'application de cette mesure prise lors de la tripartite économique. Ce qui a permis de relancer un certain nombre d'entreprises en les mettant dans une situation de bancabilité acceptable», a indiqué M.Bessa. «Ce n'est pas de l'argent public (annulation des agios), c'est de l'argent qui a été prélevé sur les ressources des banques», a-t-il souligné. Une manière de relever l'effort des banques pour accompagner les entreprises, que ce soit dans leur développement ou dans leur mise à niveau financière.