Qualifié de «seconde chance» ou de «bouffée d'oxygène», les entreprises confrontées aux difficultés de remboursement ont bénéficié d'un rééchelonnement de près de 200 milliards DA de créances bancaires en défaillance. «Nous sommes, actuellement, à près de 200 mds DA de créances détenues par les banques et rééchelonnées», a indiqué le président de l'Association des banques et des établissements financiers (Abef), Djamel Bessaâ. Dans une déclaration à l'APS, M. Bessaâ a ajouté que l'annulation des agios réservés pour ces entreprises bénéficiaires du rééchelonnement a coûté aux banques de la place «entre 30 à 35 milliards DA», depuis l'entrée en vigueur de cette mesure prise lors de la tripartite économique Gouvernement-UGTA-Patronat tenue fin mai 2011. Le président de l'Abef a relevé qu'il ne s'agit pas de «l'argent public (annulation des agios), c'est de l'argent qui a été prélevé sur les ressources des banques», mettant en exergue l'effort des banques pour accompagner les entreprises, que ce soit dans leur développement ou dans leur mise à niveau financière. Lors de la tripartite en question, le gouvernement avait encouragé les banques à rééchelonner les créances des entreprises en difficulté avec un différé de trois ans durant lesquels le Trésor public prendra en charge les intérêts. La banque créancière devait ainsi procéder à l'annulation des agios réservés pour l'entreprise bénéficiaire du rééchelonnement, alors que les créances définitivement compromises resteront cependant la responsabilité exclusive de la banque et de son débiteur. Le Conseil de la monnaie et du crédit avait édicté par la suite un règlement portant cadre de traitement des intérêts non recouvrés comptabilisés au titre des créances bancaires éligibles au rééchelonnement au profit des petites et moyennes entreprises en difficulté, bénéficiant du soutien de l'Etat. Les crédits à l'économie en forte hausse Le président de l'Abef a réfuté, par ailleurs, toute «frilosité» des banques dans l'octroi des crédits d'investissement aux entreprises, notamment celles relevant du secteur privé. Il indiquera, à ce propos, que les banques observent une tendance haussière en terme de crédits à l'économie. Annuellement, une progression moyenne de 20% est enregistrée, ce qui représente, a-t-il dit, jusqu'à 5 fois la croissance économique du pays. L'encours des crédits à l'économie dépasse les 4000 mds DA. «Aucun banquier n'aimerait garder de l'argent oisif dans ses coffres et refuser de le fructifier. Mais, tous les banquiers tiennent à le fructifier dans des conditions de risques gérables et acceptables», a-t-il noté. «Si j'avais à choisir en tant que banquier entre prendre des risques inconsidérés en finançant un projet qui n'est pas rentable, et je suis sûr de ne pas pouvoir récupérer mes capitaux, et garder l'argent oisif, je préfère garder l'argent oisif», a-t-il ajouté. Au-delà de toutes les prises de position observées sur la relation banque-entreprise, le président de l'Abef, également P-DG de la Cnep-banque, a appelé les deux parties à joindre leurs efforts pour faire progresser cette relation. «Arrêtons les procès d'intention, soyons objectifs dans notre analyse, dépassionnons les débats, et avançons ensemble», a-t-il lancé à l'adresse des chefs d'entreprises. Tout en relevant une tendance baissière du niveau des créances non performantes, M. Bessaâ n'a pas manqué de tirer la sonnette d'alarme. «Nous avons toujours un seuil de créances non performantes qui n'est pas acceptable», a-t-il averti, avouant que celles-ci «posent un problème qu'il faut analyser de manière sereine et objective avec nos partenaires».