Les passionnés du cheval barbe réunis à Alger, veulent injecter du sang neuf pour promouvoir cette race équine aux valeurs universelles en lui donnant ses lettres de noblesse témoignant de sa résistance millénaire, de ses qualités d'endurance et de sa participation aux péripéties des différentes contrées. De taille moyenne, à tête longue au front légèrement bombé, souvent chargée en ganaches, à l'encolure droite, massive, à croupe légèrement oblique, queue plantée bas, jambes longues et fortes, petits pieds à talon élevé, le barbe est un cheval à l'allure carré et portant souvent une robe grise. Compagnon des nomades, des éleveurs des Atlas et des Hauts-Plateaux, le barbe constitue, pour les pays du Maghreb notamment, une partie intégrante de leur patrimoine culturel. Sa force, sa rusticité, son endurance, conjuguées à un excellent tempérament, font de lui un cheval de guerre par excellence, s'accordent à dire spécialistes et éleveurs de cette race, rencontrés par l'APS en marge de l'AG de l'organisation mondiale de ce cheval (Omcb), dont les travaux se déroulent à Alger. En Afrique, ses origines remonteraient à plus de 3000 ans et les historiens rapportent que les chevaux de Sicile sont rapides et ont le pied sûr, ceux d'Espagne petits et agiles mais peu résistants, ceux d'Afrique dociles, endurants et rapides. Ils disent aussi que les Romains redoutaient la cavalerie Numide composée de chevaux de type barbe, que les musulmans avaient utilisé le barbe pour ouvrir le nord de l'Afrique et même l'Andalousie. L'histoire retient également que c'est grâce à ce cheval que les Algériens, conduits par l'Emir Abdelkader, ont résisté aux troupes coloniales françaises qui ont été contraintes d'aligner d'importantes forces en hommes et en matériel de guerre pour venir à bout de la résistance algérienne. Mais ce n'est que dans la fin des années 1980 que cette race a pris une dimension plus importante pour tous les pays du Maghreb, notamment l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. «On a découvert, il y a une vingtaine d'année, qu'il existait un cheval sauvage dans le nord de l'Afrique qui était à 99% de certitude l'ancêtre du barbe. Cette race a pris alors une dimension plus importante pour tout berceau», indique Mme Genette Aumassip Kadri professeur en paléontologie. «Maintenant que l'on connaît ses origines on a ouvert les yeux et on a repris en considération toutes ses qualités qui sont beaucoup plus importantes que n'importe qu'elle autre race chevaline d'autant qu'il a été utilisé dans le croisement de très nombreuses races», affirme cette spécialiste. Il est nommé «ambassadeur» parce qu'il est à l'origine de l'amélioration de plusieurs races comme le pur-sang anglais, l'Andalou et le mustang américain. «C'est un cheval qui a énormément de valeurs. D'abord c'est l'un des plus anciens chevaux et puis, il a servi à créer des races», indique, M. Jaclin Slachmuylders, cavalier de dressage belge. La découverte de ses qualités a encouragé les pays du berceau à créer l'Omcb pour protéger, développer et promouvoir ce cheval. Si le barbe avait marqué l'histoire guerrière dans le passé, ses caractéristiques aujourd'hui sont d'un apport certain pour le développement de l'équitation, confirmant ainsi que cette race n'a rien à envier aux autres purs-sangs, souligne-t-on. «Cela veut dire qu'il a un brillant avenir», selon le ministre de l'Agriculture, M. Rachid Benaïssa, qui est pour la création d'une association nationale des amis du cheval barbe en vue de promouvoir son image. Les aspects historique, culturel et civilisationnel que représente ce compagnon loyal de l'homme font de lui un «porteur de message de paix et de développement durable, d'où l'importance de le promouvoir». «Il est de notre devoir de le préserver et de lui donner ses lettres de noblesse», estime M. Benaïssa, un des membres fondateurs de l'Omcb. «Il faut absolument continuer à se battre pour promouvoir le cheval barbe parce qu'il a apporté beaucoup de bonnes choses», estime pour sa part M. Slachmuylders. Sa sobriété, sa robustesse et son endurance sont des atouts à exploiter aujourd'hui pour répondre à de nouvelles exigences et demandes notamment en sport d'équitation et le dressage, des domaines où le barbe peut rayonner à l'international. Pour que ce patrimoine ne soit pas confiné uniquement dans les panaches, les parades et la fantasia, il est important de trouver un marché de commercialisation à ce cheval pour le valoriser davantage, estime Mohammed El Kohen, secrétaire général du Salon du cheval d'El Jadida (Maroc) et membre de l'Omcb. «L'intérêt grandissant pour ce cheval fait qu'il existe aujourd'hui du sang nouveau pour le promouvoir» affirme le secrétaire général de l'OMC, M. Mounir Zerhouni. APS