Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani
Le port de pêche d'Annaba est en ébullition, 4 400 marins pêcheurs sont en grève depuis 20 jours, petits bateaux de pêche, chalutiers et sardiniers sont amarrés et des rassemblements de protestation sont organisés chaque jour. Cette situation qui risque de dégénérer à tout moment a pour origine l'occupation anarchique et illicite des postes à quai réservés à la flottille locale par des bateaux venus principalement du centre et de l'ouest du pays. Les réclamations des pêcheurs auprès des autorités locales n'ont pas abouti et hier, c'est un grand rassemblement initié par M. Zemmour Ali, président de l'association pour le développement et la promotion de la pêche, qui a eu lieu à l'intérieur du port de pêche «La Grenouillère», un rassemblement en présence du directeur de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya d'Annaba M. Ammi. «Nous avons entrepris toutes les démarches auprès des autorités compétentes, directeur de l'entreprise du port de pêche, le chef de la station maritime principale, la capitainerie du port, le président de la chambre de la pêche et à ce jour, il n'y a rien, cette situation ne saurait durer, les pêcheurs n'en peuvent plus, certains passent 2 à 3 jours en haute mer et reviennent au port pour accoster et là ils trouvent que leurs postes à quai sont occupés par d'autres bateaux dont les ports d'attache sont dans d'autres wilayas du pays. Ces pêcheurs sont obligés de rester en dehors du port attendant que leurs postes soient libérés. Nous continuerons donc à faire grève jusqu'à ce que la situation soit réglée,» dit-il à l'adresse de la centaine de pêcheurs présents sur les lieux. Le directeur de la pêche et des ressources halieutiques de la wilaya d'Annaba est intervenu pour rappeler aux présents que leurs problèmes sont pris en charge par les autorités du secteur et que le problème sera bientôt réglé du fait qu'une action en justice, en référé, a été intentée contre les patrons de pêche qui occupent de manière illicite les postes à quai. Il demandera aux marins pêcheurs de reprendre leur activité en attendant que la justice tranche. Ce à quoi répliqueront les pêcheurs par l'exhibition du journal officiel N°47 du 27 juin 1998 qui stipule dans son article 942 que «quiconque occupe sans autorisation le domaine public portuaire et maintient cette occupation irrégulière, malgré la sommation de quitter les lieux, est puni d'un emprisonnement de 2 à 6 mois et d'une amende de 2 000 à 5 000 dinars ou l'une des 2 peines sans préjudice de la réparation du dommage causé». «Nous demandons juste que la loi soit appliquée et ce n'est pas parce que ce sont de gros bonnets qui occupent les lieux qu'on ignore la loi,» lance l'un d'entre eux à l'adresse du directeur de la pêche qui leur fait comprendre qu'il s'agit là d'un article de loi qui traite globalement la situation et dans le cas présent, il s'agit d'un cas spécifique et c'est à la justice de trancher et qu'il ne peut pas se substituer à la justice. Un patron de pêche interviendra pour proposer que les indus doivent quitter les lieux en attendant la décision de justice et qu'ainsi ils pourraient reprendre normalement l'activité, mais cela a été écarté par le directeur de la pêche qui maintient que c'est à la justice d'ordonner cela. A la capitainerie du port, un responsable que nous avons contacté nous a déclaré que son institution a introduit une action en justice contre les patrons de bateaux de pêche qui occupent illégalement les postes à quai, que la situation sera bientôt réglée et qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer. Cependant les marins ne l'entendent pas de cette oreille mettant en avant les lenteurs de la justice à trancher et que pendant ce temps, de graves conséquences socio-économiques en découleront. «Nous entreprendrons d'autres actions autrement plus radicales et nous nous ferons entendre cette fois.» Conclut un patron de pêche visiblement exaspéré par ces déclarations qu'il juge sans impact réel sur la situation dramatique que vit le secteur de la pêche à Annaba.