De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La solidarité en milieu scolaire ne semble pas vouloir dépasser le stade classique de trousseaux distribués aux élèves nécessiteux à chaque rentrée. Cela devient une action machinale pour les pouvoirs publics. On recense «dans la dignité» les familles pauvres bien avant la reprise scolaire pour leur octroyer cette manne permettant à l'écolier d'entamer son cursus sans difficulté et même sans gêne devant ses camarades de classe. La wilaya de Constantine estime avoir réussi une bonne rentrée avec une couverture maximale dépassant les prévisions de départ. Pour preuve, le chef de l'exécutif s'était félicité devant le parterre des élus locaux de la transparence avec laquelle l'opération d'aide accordée aux parents démunis s'était effectuée. Mieux encore, on laisse entendre que certaines familles n'ont pas récupéré ce don.Cependant, il importe de souligner que la distribution des trousseaux d'effets vestimentaire et autres manuels scolaires avait accusé un certain retard dans quelques établissements. La gratuité des livres aura touché près de 84 000 élèves à l'échelle de la wilaya. Ajoutez à cela les 16 000 employés de l'éducation qui bénéficient aussi de cette aide. Qu'en est-il après septembre ? Difficile de déceler la moindre information à ce propos. «On assure, certes, des gestes de solidarité en début d'année, pour le reste aucune action ne nous parvient des services concernés quant à la prise en charge des besoins des élèves issus de parents pauvres», précise-t-on au niveau de la commune de Constantine. Même son de cloche du côté des affaires culturelles sportives et éducatives. Aucune directive ne définit d'autres aides excepté celles cadrées dans le trousseau. Du côté de la direction de l'action sociale (DAS), une frange de démunis et de handicapés moteurs et mentaux dépassant les 60 ans sont pris en charge par une bourse timide. C'est dire qu'aucune partie des pourvoyeurs de fonds publics ne tire dans la direction des établissements. C'est du ressort des associations activant dans le milieu scolaire que les élèves en souffrance trouvent parfois la «clémence». Toutefois, il n'est pas toujours facile d'œuvrer en étroite collaboration avec les directeurs qui doivent se soumettre à la stratégie de l'éducation en la matière. Limitées par leur champ d'action, les associations de parents d'élèves abondent dans le même schéma d'aide que celui établi par les décideurs. Outre leurs vocations beaucoup plus éducatives en organisant des sorties et autres récompenses de fin d'examens aux lauréats, elles tentent tant bien que mal de récolter à chaque occasion un budget en sollicitant tous les parents. Les modestes sommes serviront à donner du sourire aux écoliers dépourvus. S'agissant des élèves malades, le budget alloué à la direction de l'éducation ne consigne pas un chapitre consacré à cet effet. Néanmoins, certifie un responsable «les élèves atteints de trouble de la vision percevront des lunettes à titre gratuit dans le cadre de la solidarité ou par le biais des centres sanitaires». C'est dire combien le volet de l'éducation demeure pauvre en approvisionnement médical alors que les subventions allouées au secteur dans la restauration des établissements des trois paliers, à titre d'exemple, flirtent avec des milliards. Sur les 44 milliards débloqués, les pauvres élèves malades n'en tirent qu'une paire de lunettes. C'est toute une politique à éplucher ! D'aucuns estiment que le département de Benbouzid devrait s'atteler à corriger cette «lacune», lui qui veut faire de l'enseignement en Algérie une maquette exemplaire. Subvenir aux besoins de la santé des élèves dont les ressources sont réduites interpelle les pouvoirs publics à «doser» les primes dégagées dans cette optique. Sans aucun prétexte, il faut dépasser le concours classique des aides «conventionnelles» se limitant aux trousseaux. Il est des parents qui souffrent non seulement de la pathologie de leur progéniture, mais aussi de l'incapacité de la prendre en charge. D'où découlent des ratages scolaires. Dans pareils cas, la solidarité n'a pas de limite. On ne doit pas la confiner dans un cadre officiel de rentrée scolaire ou de fête, seulement pour jeter de la poudre aux yeux. L'implication des ministères doit être continue jusqu'à la «guérison de l'écolier» ne serait-ce que psychologiquement.