Avec la relégation en Ligue 2 du WA Tlemcen et l'USM Bel Abbès, et la chute du CR Témouchent et le SA Mohammadia, pensionnaires de L2, en Ligue amateur, le football de l'ouest algérien connaît peut-être l'une des saisons les plus catastrophiques de son histoire. Et à l'évidence, l'absence de performances de ces clubs est aussi bien due au processus de professionnalisation du football qu'à l'incompétence des hommes. MCO, le grand gâchis. Club phare de l'ouest, ayant fait les beaux jours du football algérien dans les années 90 avec des titres nationaux et continentaux, le Mouloudia club d'Oran continue de se battre contre ses démons, évoluant sur le fil du rasoir pendant presque toute la saison 2013 avant de terminer à la 12e place avec 34 points, des joueurs écœurés et un public accablé. Handicapé par une gestion approximative, l'absence de stabilité nécessaire à la réalisation des objectifs (pas moins de 7 entraîneurs ont pris «les commandes» depuis l'été dernier), une lutte de clans qui dure depuis presque une décennie - aggravée, cette saison, par le feuilleton judiciaire Djebbari-Abdelilah - le MCO multiplie les contreperformances et, malgré une demi-finale en Coupe d'Algérie (perdue face à l'USM Alger) et une fin de saison un peu plus heureuse, finit une nouvelle fois par laisser l'impression d'un immense gâchis. Un gâchis que de nombreux observateurs avertis et de supporters, coutumiers des déboires mouloudéens, ont pourtant prévu depuis l'entame de la saison 2012-2013, en dépit des propos rassurants des responsables. «Il n'y avait pas de changement notable dans la gestion du club, il n'y avait pas de groupe, pas de stabilité, depuis de très longues années, résume l'un deux. Il était évident que les résultats ne seraient pas au rendez-vous et que la saison allait être difficile.» Ce qui est malheureux pour l'un des clubs les plus titrés d'Algérie et qui, il est bon de le rappeler, s'enorgueillit de records rares : seul club algérien à avoir remporté la Coupe Arabe des vainqueurs de coupes (1997 et 1998) et la Super Coupe Arabe (1999), meilleure équipe africaine en 1989, 9 fois champion d'Algérie et 21 fois demi-finaliste de la Coupe d'Algérie comptent parmi les exploits réalisés par le mythique MCO de ces années-là. Années pendant lesquelles les coéquipiers d'Abdelhafid Tasfouat (lui-même deux fois Soulier d'or à l'issue des deux championnats remportés en 1992 et 1993) avaient notamment réussi un doublé historique Coupe d'Algérie et Coupe de la Ligue en 1996, à participer à une demi-finale de Coupe d'Afrique des champions en 1994, deux quarts de finales en Coupe de la CAF de 1996 et en Coupe des Coupes Africaine en 1997... (Les statistiques sont disponibles sur de nombreux sites Internet, Ndr). Ce n'est pas pour rien que beaucoup pleurent le sort du MCO...
ASMO, la désillusion Autre désillusion d'Oran, l'ASMO qui n'arrive pas à renouer avec son glorieux passé. Evoluant en Ligue 2 depuis 2007, le club - qui a vu naître des joueurs de la trempe de Tasfaout, Guemri, Boukar, Lefdjah, Belkhetouat - est également confronté à une gestion hasardeuse et un amateurisme qui l'empêchent de regagner l'élite malgré six années de disette. En 2011, l'actuel président, Mohamed El Moro, avait affirmé que l'ASMO allait bientôt «s'imposer en élite et dans les compétitions continentales». «Le plus difficile, l'année dernière (2010, Ndr) a été la mise en conformité avec les règles du professionnalisme, ce qui explique que nous n'ayons pas pu assurer l'accession en D1. Aujourd'hui que nous sommes enfin libérés de ce fardeau administratif, nous pouvons nous occuper de football et de l'avenir de ce grand club», avait-il notamment assuré. Force est constater, pourtant que non seulement l'ASMO est toujours en division inférieure mais elle est loin d'y jouer les premiers rôles puisqu'elle a terminé à la 6e place avec 44 points. Une situation qui, comme en 2010, a provoqué la colère des supporters et anciens joueurs qui, comme Kechamli, Tlemçani ou Chalabi, sont récemment montés au créneau pour exiger le départ de l'actuelle direction : «Elle a échoué, elle doit laisser la place», ont-ils notamment déclaré à une chaîne de télévision privée qui s'est penchée sur la situation lamentable du club, que beaucoup ont toujours surnommé l'école tant il a permis l'éclosion de nombreux talents (cette année encore, les minimes ont été couronnés champions d'Algérie). Auteur d'un palmarès nettement moins bien fourni que son frère-ennemi le MCO, l'ASMO compte une participation en quart de finale de la Coupe de la CAF de 1992, une deuxième place au championnat national de 1990-1991, deux finales successives en Coupe d'Algérie (1982 et 1983), dont la fameuse rencontre perdue contre le MCA au stade 5-Juillet (4-3 après prolongations) qui a valu au club oranais l'estime et les honneurs du football national à une époque où l'Algérie brillait sur le plan mondial. Des Souliers d'Or sont également à enregistrer à l'actif de l'ASMO notamment grâce aux réalisations de Redouane Guemri en 1979 et Noureddine Daham en 2002. Mais plus que tout, le gotha sportif algérien retiendra que, pendant trois décennies, l'ASMO a été pourvoyeuse d'innombrables talents qui ont permis aux autres clubs algériens de bâtir leur réputation. Clubs à la peine…Avec le MCO et l'ASMO, le WA Tlemcen, l'USM Bel Abbès, les autres clubs de l'Ouest ne sont pas encore parvenus à vaincre le signe indien et continuent de souffrir le martyre entre une gestion approximative, le manque de constance, l'absence d'une vision à long terme et les problèmes financiers. Hormis l'ASO Chlef qui termine dans le ventre mou du classement général (10e place avec 38 points), la saison 2013 a été catastrophique pour Tlemcen (15e au classement général de la L1 avec 24 points) et Bel Abbès (bon dernier avec 22 points) qui renouent avec les affres de la relégation, rejoignant ainsi d'autres clubs de l'Oranie qui végètent depuis trop longtemps en Ligue 2. On peut citer l'ES Mostaganem qui, cette saison, a raté de peu l'accession à l'élite (4e avec 52 points), le MC Saïda qui n'a pas pu faire mieux qu'une 9e place et 38 points et, plus mal lotis encore, le SA Mohammadia et le CR Témouchent qui, terminant en queue du peloton avec 15 et 6 points, évolueront en Ligue amateur la prochaine saison. Malgré le faible niveau du football algérien, la saison 2012-2013 n'a décidément pas été de tout repos pour les clubs oranais. S. O. A.