Epinglée par le rapport mondial 2013 du département d'Etat américain qui regroupe les «pays dont les gouvernements n'atteignent pas les exigences minimales» en termes de lutte contre le trafic d'êtres humains et «ne font pas d'efforts significatifs pour y parvenir», l'Algérie réagit. Par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, Alger affirme que les rédacteurs du rapport qui l'incrimine, se sont fondés sur des informations à «la fiabilité douteuse». «Les conclusions auxquelles est arrivé le rapport du département américain ne prennent pas suffisamment en compte les progrès réels enregistrés en Algérie, dans le domaine de la lutte contre le trafic des êtres humains, malgré une pression migratoire forte résultant de la détérioration du contexte géopolitique et socioéconomique au niveau de la région du Sahel», dira M. Belani. Mieux, il précisera que la législation algérienne concernant les migrants et réfugiés était conforme aux dispositions de la convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles, dont celui relatif à la traite des personnes. Les coupables de toute infraction à cette législation sont sanctionnés «de la manière la plus sévère», affirme le porte-parole qui conclura qu'Alger apportera ultérieurement des précisions sur cette question. Mais si le rapport du département d'Etat américain, qui considère l'Algérie comme un pays de transit et, à un degré moindre, un pourvoyeur de femmes et d'hommes soumis au travail forcé ou à d'autres formes de trafic humain, a pris pour argent comptant des informations à «la fiabilité douteuse», la question du pourquoi s'impose. La première cause serait l'indisponibilité d'une source d'informations officielles fiables. Quelle est l'administration ou le département qui centralise toutes les données et statistiques sur les flux migratoires et qui permettent de connaître le type de migrants arrivant sur le territoire algérien, leurs origines et identités, leur nombre, leur situation sociale et leur localisation ? La création d'un Observatoire de l'immigration est une nécessité impérieuse qui a été déjà soulignée au plus haut niveau. Mais rien n'a été fait. Pourtant, une telle structure s'impose de fait. L'Algérie, pays d'accueil de différents types de migrations, doit avoir une base de données sur les flux migratoires qu'elle accueille, elle doit savoir qui débarque chez elle, d'où il vient, où il va et dans quelles conditions il vivra. On peut aussi penser que les erreurs d'appréciation du rapport américain n'en sont pas en réalité et que ses rédacteurs ont sciemment égratigné l'Algérie pour on ne sait quel sombre dessein ou calculs politiciens, ce qu'ont d'ailleurs dénoncé la Chine et la Russie qui ont été stigmatisées par ce rapport qualifié de «politisé» par Moscou. N'est-ce pas une raison pour l'Algérie de ne pas prêter le flanc à ce genre d'appréciations, de ne pas donner à quiconque le bâton avec lequel il nous bastonnera, comme le recommande si justement un adage de chez nous. Il s'agit d'agir avant coup au lieu de réagir après coup. H. G.