Amar Bourdim personnifie la frustration par excellence. Incapable d'afficher le niveau qui était le sien à la JSS, Bourdim a souvent opté pour le silence radio face aux nombreuses critiques. Fait rarissime, le stratège mouloudéen a accordé un long entretien à El Heddaf TV dans lequel il évoque sa situation et celle de son équipe. Amar parle aussi de ses frustrations et de son avenir au club qu'il veut voir inscrit dans la durée. Comment est l'ambiance au sein de l'équipe, après la défaite contre le NAHD ? Je peux vous dire que personne ne s'attendait à cette défaite face au NAHD. On était dans une bonne spirale, après notre succès contre l'USMA. On s'est rendus au 20-Août avec l'intention de gagner et se rapprocher encore plus du trio de tête, mais voilà qu'on perd ce derby. Comment se déroule la préparation de la rencontre de ce mardi face au MCO ? Après la défaite face au NAHD, le groupe a été très affecté. Il a fallu un gros travail du staff technique sur le plan psychologique pour remettre l'équipe en ordre de bataille. Certes, il y a de nombreux blessés mais ceux qui sont disponibles veulent tous jouer pour redresser la barre. Le groupe est plus que jamais motivé pour se relancer à nouveau dans la course au podium. Ne pensez-vous pas que les trois points du match face au MCO sont plus que jamais très précieux surtout après les défaites des équipes de tête ? C'est vrai que la défaite du Paradou à Bordj a relancé les débats. Maintenant, il suffit qu'on gagne pour revenir à un petit point du podium. Malheureusement, vous allez aborder ce match avec plusieurs défections et pas les moindres… C'est vrai que se passer des services de Bendebka, Benaldjia, Hachoud et Derrardja, qui sont des valeurs sûres, pénalise l'équipe. Mais d'autre part, cela motive les autres joueurs qui auront à cœur de prouver qu'ils méritent de défendre les couleurs du club. Vous êtes parmi les joueurs pressentis pour remplacer les blessés. Est-ce que vous êtes prêt à relever le défi ? Je suis un professionnel. Je dois être apte à chaque fois qu'on fait appel à ses services. Et même lorsque je ne joue pas, j'accepte avec sportivité les décisions du coach. Cela a été le cas avec Casoni, Amrouche et maintenant Mekhazni. J'espère saisir cette opportunité pour réaliser un gros match. D'autant plus que ce match se déroulera au stade du 5-Juille… C'est vrai que le stade du 5-Juillet convient aux joueurs très techniques. J'espère être dans un grand jour. Mais ce qui compte, ce sont les trois points de la victoire qui nous permettront de rester dans la course au podium. Vous êtes parmi les joueurs qui étaient très heureux de la nomination de Mekhazni à la tête de l'équipe… Mekhazni est connu de tout le monde. Il est réputé pour ses compétences et pour être un coach juste qui ne lèse personne. Et croyez- moi, s'il me demande de monter en tribune pour suivre le match, je le ferai car je le connais bien. Quand ont commencé vos relations avec Mekhazni ? C'est Mekhazni qui m'a découvert lorsque j'étais chez les jeunes à l'ESS. C'est lui qui m'a ramené à l'USMA. C'est aussi lui qui m'a conseillé de venir au Mouloudia, après avoir pris la décision de quitter Saoura. Je ne regrette pas d'avoir rejoint l'USMA car il y avait de bons jeunes qui m'ont permis de progresser. Pourrions-nous connaître la différence entre Mekhazni et les autres entraîneurs qui ont drivé le Mouloudia ? Mekhazni est très proche des joueurs. Il sait communiquer et transmettre son message aux joueurs. Avec lui, on a envie de venir à l'entraînement pour bosser. Sous sa coupe, on a le sentiment d'être le meilleur joueur du monde (un long sourire). Il est aussi intransigeant avec la discipline de groupe. Il n'accepte pas l'absentéisme et prône le sérieux à l'entraînement. Etes-vous conscient que le podium serait synonyme de maintien de Mekhazni à la tête de la barre technique de l'équipe la saison prochaine ? Sincèrement, on ne méritait l'élimination en Coupe arabe, en Coupe d'Algérie et la Ligue des champions. A présent, tout le monde a adhéré à la philosophie de Mekhazni et on va tout faire pour terminer la saison sur le podium et, pourquoi pas, assister au maintien de Mekhazni à la tête de la barre technique de l'équipe. Evoquant votre niveau de jeu depuis votre venu au club, est-ce que le boucan médiatique qui accompagné votre transfert à eu des répercussions sur votre rendement ? Oui, on peut dire que le boucan médiatique a eu des répercussions négatives sur moi. Les supporters du Mouloudia attendaient beaucoup de moi. Ils étaient très heureux lorsque j'ai signé au Mouloudia. Mais je n'ai pas été à la hauteur, surtout sur le plan psychologique. Je profite de l'occasion pour s'excuser auprès des Chnaoua. On m'a dit qu'il ya eu plusieurs grands noms qui ne se sont pas adaptés au Mouloudia lors de leur première saison au club. Il faut savoir que je me donne à fond à l'entraînement et sur le terrain. Je ne suis pas un joueur à problèmes. J'espère, inch'Allah, apporter bientôt un plus à l'équipe. Vous avez même pensé à quitter le club, après tous vos déboires, non ? J'ai encore une saison de contrat. Et même si je ne suis pas satisfait de mon rendement, je n'ai jamais pensé à quitter le club. Tout ce qui a été dit ou écrit n'est que spéculation. Je profite de l'occasion pour dire que j'entends aller au terme de mon contrat pour répondre aux attentes des supporters et des dirigeants. Comment expliquez-vous vos débuts difficiles ? Tout le monde dit que ce n'est pas facile de jouer dans un grand club comme le Mouloudia. Il te faut une forte personnalité. Lorsque je suis venu, l'équipe avait une philosophie, et moi je ne jouais pas beaucoup. C'est aussi cela qui m'a un peu agacé. Et puis, il y avait une très forte pression qui m'a fait perdre mes moyens et mon football. Le penalty manqué face à Al Merreikh en Coupe arabe, au stade du 5-Juillet, a donné une courbe négative à votre parcours au club… Je veux justement apporter des précisions à ce propos. Il faut savoir que ce n'est pas moi qui ai voulu tirer. C'est le staff technique qui m'a désigné premier tireur. Et lorsqu'on a obtenu un penalty, j'ai pris mes responsabilités, mais la chance n'était pas de mon côté. Certes, ce penalty manqué a été un tournant, même si on aurait pu mettre d'autres buts durant ce match au 5-Juillet. C'est pour cela qu'on m'accuse d'être le principal coupable de cette élimination de la Coupe arabe. C'est une question de destin. Si j'exécute mille fois ce penalty, je le marquerai mille fois. Des proches ont fait état d'une détérioration de vos rapports avec Amrouche depuis ce ratage. Le confirmez-vous ? Ce qui s'est passé, c'est du passé. Je ne veux pas ressasser tout cela. Mais je peux vous assurer que je n'ai aucune rancune envers Amrouche que je respecte beaucoup. J'ai beaucoup appris sous sa coupe, comme il y avait des choses négatives. Je profite de l'occasion pour souhaiter bonne chance à Amrouche dans la suite de sa carrière. Mais depuis le match aller face à El Merreikh, vous avez été relégué sur le banc… Même moi, je n'étais pas bien psychologiquement car je me suis mis dans la tête que j'étais coupable de l'élimination de mon équipe de la Coupe arabe. Mais depuis la venue de Mekhazni, j'ai changé de philosophie et je veux rendre heureux les supporters et la direction du club. Qu'avez-vous à dire sur les clubs solliciteurs qui ont voulu profiter de l'occasion pour s'attacher vos services ? C'est vrai, j'ai eu plusieurs sollicitations qui sont parvenues à mon agent. Mais je n'ai jamais donné de suite car j'ai un contrat avec le Mouloudia et j'ai pris la décision de poursuivre l'aventure avec mon club. Tout joueur rêve de jouer dans un club comme le Mouloudia. Ce qui me perturbe, c'est le fait de ne pas avoir pu donner ce qu'on attendait de moi. Inch'Allah, ça va changer. Et je ferai tout pour être très performant. Je veux que le club tire profit de mon savoir-faire, techniquement parlant, et même sur le plan financier, en cas de départ vers l'étranger. C'est-à-dire… La manière avec laquelle mon transfert s'est matérialisé a eu un impact négatif sur moi. Mais je sais que je ne suis pas à la hauteur de toutes les attentes et cela me met très mal à l'aise. C'est aussi pour cela que je veux rester pour me racheter. Je suis même prêt à prolonger pour trois autres saisons. Je veux terminer la saison en force, pour permettre au club de tirer profit financièrement, au cas où on voudrait me vendre à un club étranger. Quel est votre meilleur souvenir avec l'équipe depuis le début de la saison ? C'est vrai que j'étais présent lors du match aller face à l'USMA comme titulaire mais le match qui m'a marqué, c'est le match retour. J'étais remplaçant mais j'étais séduit par le jeu proposé par mes partenaires et le grand match réalisé par Benaldjia. Après ce succès, la sérénité était de retour dans le groupe. Mais il a suffi d'une défaite pour qu'on retourne à la case départ. Que manque t-il à votre équipe pour se produire avec le même état d'esprit ? Je jure devant Dieu que personne ne triche. On se donne à fond à chaque match. Parfois, la réussite n'est pas au rendez-vous et parfois on perd parce qu'on n'a pas été très performants. D'autres fois, on passe à côté de notre sujet. Mais jamais au grand jamais, on joue sans mouiller le maillot. Porter le maillot numéro 10 au Mouloudia pèse-t-il lourd sur vos épaules ? Je le confirme, ce numéro est très lourd à porter. Il y a eu avant moi des joueurs comme Aouedj, Mansouri et El Moueden qui n'ont pas brillé avec ce numéro. Personnellement, je n'ai jamais choisi ce numéro. C'est au moment de la signature qu'on m'a apporté le maillot floqué du numéro 10. A ce moment-là, la pression commençait à monter avec une très grande responsabilité. Et avec l'élimination de la Ligue des champions, le poids de ce numéro a fini par avoir raison de moi. Votre message aux Chnaoua, avant le match face au Mouloudia d'Oran ? On sait que nos supporters sont très en colère. Normalement, les Chnaoua doivent célébrer chaque saison un titre ou un trophée. On va se battre avec les tripes pour tenter de décrocher une place sur le podium et, pourquoi pas, une place qualificative à la C1.