«Je persiste à croire que Zidane a arrêté trop tôt, il aurait dû nous faire plaisir encore pendant une ou deux saisons au moins» «J'espère que l'Algérie se qualifiera et fera une grande Coupe du monde, je serai l'un de vos supporters» Vous êtes allé jouer jusqu'en Ouzbékistan, un pays musulman. Comment avez-vous réussi à vous adapter là-bas ? Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, j'aime bien les défis. Dans la vie d'un footballeur, tout a une fin. Ma période de joueur du Barça et du Milan s'était terminée et des clubs moins importants, parfois sans une grande tradition footballistique, se sont manifestés. Il fallait bien s'adapter à ma nouvelle réalité, il fallait bien aussi faire profiter ces clubs qui ont pris la peine de me contacter au vu de mon expérience. Il y avait aussi, je ne le cache pas, une bonne proposition financière. Je me suis donc lancé le défi de jouer en Ouzbékistan et je pense avoir réussi deux très bonnes saisons, en dépit d'une adaptation difficile. Mon passage en Ouzbékistan a été pour moi une expérience très enrichissante. Comment passiez-vous le Ramadhan par exemple ? Pour moi, il est clair que c'était difficile, mais on m'a toujours appris à respecter les traditions des autres surtout qu'en Ouzbékistan, on m'a toujours bien respecté. On m'a toujours regardé comme Rivaldo, le joueur du Barça et du Milan. On m'a mis dans d'excellentes conditions avec une grande maison. Tout au long de votre carrière, vous rappelez-vous avoir croisé un joueur algérien ? Algérien ? Non, mais d'origine algérienne, j'ai connu le plus fameux : Zidane. Je me rappellerai toute ma vie de Zidane, car s'il n'était pas là, j'aurais pu gagner une Coupe du monde en 98 avec le Brésil. Malheureusement, il était bien présent et a privé le Brésil d'une Coupe du monde. Comment il était sur un terrain de foot ? Comment décrivez-vous son jeu ? Zidane ? Pfffff ! Impressionnant ! Même en tant qu'adversaire, je prenais du plaisir à le regarder jouer. J'ai un grand respect pour lui parce que c'est un joueur avec d'immenses qualités, mais aussi parce que c'est un bon gars. Lorsqu'on jouait les Clasicos Barça-Madrid, on parlait souvent de duels Zidane-Rivaldo. Il sait le respect que je lui voue et je sais aussi qu'il me respecte beaucoup. Le plus drôle, c'est que nous avons le même âge aussi, nous sommes nés tous les deux en 1972, nous avons donc 41 ans. C'est dommage qu'il ait arrêté sa carrière à 35 ans parce que, sincèrement, il aurait pu continuer à nous faire plaisir une ou deux saisons de plus. Justement, il vient de jouer un match de gala entre les vétérans du Real et de la Juve et il l'a fait très bien... Quand on joue comme Zidane, on ne peut pas oublier sa technique du jour au lendemain. Même à 50 ou 60 ans, on aura du plaisir à le voir jouer, car il sait apprivoiser le ballon comme aucun autre joueur au monde. Quand on joue au foot, on doit avoir de l'affection pour le ballon et Zidane avait cette affection particulière pour un ballon. Parlons un peu du Brésil. A chaque fois que la Seleçao n'a pas les faveurs des pronostics avant une grande compétition, elle gagne. Vous qui connaissez très bien Felipe Scolari, pensez-vous que ce sera le cas l'année prochaine en Coupe du monde ? Pour moi, le Brésil a toujours été favori et il le sera toujours. Le Brésil, c'est le Brésil. Ici, on joue toujours pour gagner, pour être champions. C'est le pays qui a participé à toutes les phases finales de Coupe du monde, c'est le pays le plus titré en Coupe du monde. En plus, on va jouer le Mondial chez nous, devant nos supporters. Non, on ne peut ne pas être favoris. C'est vrai que dans les médias brésiliens, on ne parle pas bien de l'actuelle sélection, en critiquant ouvertement son jeu, c'est vrai aussi qu'on est 10es je crois du ranking FIFA, mais le Brésil restera toujours le Brésil et on va jouer le Mondial-2014 pour le gagner. Le plus important pour un Brésilien, ce n'est pas la Coupe des Confédérations, ce n'est pas non plus la Copa América. Ce qui nous intéresse, c'est la Coupe du monde et je sais que lorsqu'ils entreront sur le terrain, les joueurs de la Seleçao seront prêts à laisser leur vie sur le terrain pour gagner une autre Coupe du monde et donner du bonheur au peuple du Brésil. Vous savez qu'en Algérie, vous êtes tellement populaire qu'on a donné votre nom à un arbitre qui vous ressemble beaucoup... (Il rit franchement). Je vous assure que lorsque j'entends des trucs pareils, je suis heureux. Heureux d'apprendre qu'on s'intéresse à moi, au point de donner mon nom à un arbitre. Qu'un peuple d'un pays aussi lointain que l'Algérie m'aime, cela me rend fier et je crois que c'est le résultat de mon comportement sur le terrain durant toutes ces années de professionnalisme. J'ai toujours essayé de donner le meilleur de moi-même, tout en ayant un comportement irréprochable. Beaucoup de joueurs algériens rêvent de devenir un jour comme Rivaldo. Quel conseil donneriez-vous à un gosse qui veut réussir une grande carrière comme vous ? Moi quand j'étais gamin, je me consacrais entièrement au football. Je jouais partout, dans la rue, à la plage. En Afrique et en Algérie, je sais qu'il y a beaucoup de petits Rivaldo, Romario, Ronaldinho Gaucho et même Zidane, car j'ai vu ça lors de mon passage en Angola. Après, il faut beaucoup de travail, le soutien des gens de ton entourage pour réussir au plus haut niveau. En Afrique, vous avez une chose que peu de gens ont : vous êtes passionnés de foot comme nous autres Brésiliens. Il y a déjà de grands joueurs et il y en aura encore en Afrique. L'Algérie est à une marche d'une deuxième qualification en Coupe du monde. Si on se qualifie, allez-vous suivre les rencontres de la sélection algérienne en Coupe du monde ? Après vous avoir connu, oui. Je vais découvrir le football algérien de près, mais avant, je dois vous souhaiter beaucoup de chance afin que vous puissiez passer le dernier tour des éliminatoires. Vous serez d'ores et déjà les bienvenus au Brésil en 2014 et j'espère que votre sélection réalisera une grande Coupe du monde. ---------- Mme Rivaldo : classe et humilité Durant le temps qu'on avait passé avec Rivaldo chez lui, nous avons eu l'occasion de connaître sa femme et ses enfants. Malheureusement pour nos lecteurs et les téléspectateurs qui verront bientôt l'interview filmée, ils n'auront pas la chance d'admirer la beauté de Madame Rivaldo, car Monsieur a insisté pour qu'on ne prenne pas en photo certains endroits de la maison et les membres de sa famille. Cela n'a pas empêché Rivaldo de nous présenter sa belle épouse qui était très surprise que Rivaldo ait ouvert les portes de sa maison à un journaliste étranger. «Vous avez de la chance, vous savez», nous a-t-elle lancé dans un espagnol parfait. Grâce à son footballeur de mari, Mme Rivaldo nous a d'ailleurs appris qu'elle parle six langues. Elle nous a ensuite posé beaucoup de questions sur l'Algérie, sans jamais parler football. Seul semblait l'intéresser le côté culturel et touristique de notre pays. Pour «nous», il rate une mi-temps de Brésil-Japon Rivaldo est de ces hôtes si accueillants qu'il est prêt à chambouler tout son emploi du temps rien que pour vous mettre à vos aises. Alors qu'on n'espérait pas plus de cinq minutes d'échange avec l'ancien champion du monde 2002 et une photo, on s'était retrouvé à papoter avec lui sans retenue et même à tapoter dans un ballon, le temps d'un échange de jongleries. Trop de gâteries pour nous ! Pis, Rivaldo a raté toute la première mi-temps de Brésil-Japon. Alors qu'on pensait qu'il allait prendre congé de nous dès le coup d'envoi, le meneur de jeu a tenu à prolonger la discussion jusqu'à la mi-temps. Trop d'honneur ! Rivaldo n'a fait que demander le score à son conseiller à la pause. Rivaldo, c'est aussi ça. Un exemple d'hospitalité qui ajoute une pointe de sympathie à son personnage. Son fils portait le maillot de l'Espagne Il y avait aussi dans le grand vestibule de la maison de Rivaldo deux des plus jeunes fils du joueur assis à même le sol en train de jouer à la DS. L'un des deux enfants portait le maillot de la Roja qui jouit d'une grande popularité au Brésil. Toutefois, la maman a tenu à nous rappeler que les enfants ont aussi la nationalité espagnole. La Roja peut d'ores et déjà lorgner Mogi Mirim. Peut-être qu'un Rivaldo en herbe est en train de pousser... Un palmarès exceptionnel et atypique Rivaldo fait partie des joueurs les plus titrés de l'histoire du football, mais il possède aussi un palmarès atypique. Il a, en effet, gagné des titres et des distinctions dans quatre continents différents. Voici le palmarès de Rivaldo. A vous d'en juger ! Avec la sélection du Brésil : lVainqueur de la Coupe du monde 2002 lFinaliste de la Coupe du monde 1998 lVainqueur de la Copa América 1999 lVainqueur de la Coupe des Confédérations 1997 Avec Corinthians de Sao Paulo : lChampion du Brésil 1994 Avec le FC Barcelone : lVainqueur de la Supercoupe de l'UEFA 1997 lChampion d'Espagne 1998 et 1999 lVainqueur de la Coupe d'Espagne 1998 Avec le Milan AC : lVainqueur de la Coupe d'Italie 2003 lVainqueur de la Ligue des champions européenne 2003 lVainqueur de la supercoupe de l'UEFA 2003 Avec FC Bunyodkor : lVainqueur de la Coupe d'Ouzbékistan 2008 lChampion d'Ouzbékistan 2009 Distinctions personnelles : lBallon d'Or France Football 1999 lMeilleur footballeur de l'année FIFA 1999