Yahia : «Après ce qu'on a vécu, Saâdane n'a pas besoin de nous parler pour nous motiver» La rage qui anime les joueurs de l'EN n'a pas de pareille dans le monde du football. Il suffit de discuter avec Ziani, Matmour, Saïfi et Yahia pour comprendre combien ils ont envie d'offrir cette qualification au Mondial à l'Algérie. Les agressions qu'ils ont subies jeudi les ont rendus encore plus forts, plus soudés et plus déterminés à ne rien lâcher. «Prêts à mourir pour offrir la qualification au peuple algérien » Tous ceux avec qui on a discuté se sont dits «prêts à mourir dans ce match pour offrir la victoire au peuple». Il y en a beaucoup d'entre les joueurs qui ont rappelé nos vaillants martyrs tombés au champ d'honneur. Les noms de Larbi Ben M'hidi et d'Ali la Pointe étaient ceux qui revenaient le plus dans la bouche des joueurs. C'est dire qu'ils sont motivés pour ce soir. Il suffit de les approcher pour sentir cette ferveur qui les anime tous et qui les pousse à tout donner pour empêcher l'Egypte de jubiler ce soir. Yahia : «Après ce qu'on a vécu, Saâdane n'a pas besoin de nous parler pour nous motiver» Anthar Yahia était l'un des plus touchés par ce qu'ils ont vécu. Peut-être l'est-il un peu plus que les autres, parce qu'il a du mal à le cacher. Le défenseur des Verts ne laisse personne indifférent lorsqu'il exprime sa colère : «Nous les avons pourtant bien reçus chez nous et voilà comment ils nous le rendent. On se croyait en terre amie. Mais je vous jure qu'on va les faire souffrir sur le terrain. Ils vont voir samedi de quel bois on se chauffe ! Nous n'allons pas répondre à leurs bassesses dehors, mais uniquement sur le terrain. Je vous donne ma parole d'honneur. Saâdane n'a pas besoin de nous parler pour nous motiver après ce qu'on a vécu», a-t-il confié. «On va vous punir sur le terrain !» Les joueurs étaient survoltés. Personne ne pense plus que la qualification pourrait leur échapper et ils en font une histoire personnelle. «Vous étiez là pour nous protéger, pestaient les joueurs à l'endroit des policiers qui se trouvaient l'hôtel, mais c'est vous qui les avez laissé faire exprès ! Vous vouliez nous punir, vous aurez une punition pire samedi», ont-ils lancé en colère. Bougherra et Yahia ont pleuré de rage L'émotion de revenir de la mort et de voir les pierres qui les ont ratés de justesse, ajoutée à celle de voir tout ce sang couler sur le visage de leurs camarades, a fait craquer Anthar Yahia et Madjid Bougherra qui n'ont pu retenir leurs larmes de rage. Les deux défenseurs pouvaient tuer à cet instant si la sagesse des responsables algériens ne les avait pas aidés à se calmer. Les youyous déclenchent un retentissant «One, two, three…Viva l'Algérie» L'émotion allait en grandissant en montant les escaliers qui mènent aux chambres des joueurs situées au 4e étage de l'hôtel. Les uns regardant les autres avec tendresse et fraternité. Les larmes de Yahia et Bougherra avaient touché les femmes algériennes qui accompagnent les Verts. Et, de manière très cinglante, on entendit de cinglants youyous qui déchiraient les cœurs de tous les présents. Comme un seul homme, les joueurs et leurs accompagnateurs ont entonné le célèbre «One, two, three, Viva l'Algérie» qui a fait frissonner tout le monde. Un moment magique qui a fait rapprocher les Algériens entre eux un peu plus. Ils sont aujourd'hui des frères de sang ! Les soldats de l'Algérie ont par la suite rejoint leurs chambres pour soigner leurs blessés et se reposer pour le grand combat qui les attend aujourd'hui. La nuit a été longue et perturbée. Chacun revoyant la mort qui l'avait effleuré avant de poursuivre son chemin. Elle ne s'était pas arrêtée dans le camp algérien. Un signe qui ne trompe pas. Yahia et ses frères de sang ont recouvré leurs forces le lendemain matin. Au téléphone, ils étaient tous unanimes à jurer par Allah qu'ils vont tout faire pour s'imposer ce soir. «Il faudrait qu'ils nous passent par sur le corps pour nous priver de ce Mondial», nous ont-ils confié à quelques heures du combat. Nacym Djender
