La poussée de délocalisation des centres d'appel de la France vers les pays du Maghreb, semble avoir atteint une ampleur que le Gouvernement français n'a pu retenir sa colère contre un phénomène qui a littéralement explosé ces cinq dernières années. Le Gouvernement français n'arrive pas à accepter que les emplois créés par la filière, puissent être transférés ailleurs, faisant perdre des postes d'emplois à des français au profit des nouvelles destinations de la délocalisation, que sont les pays du Maghreb, qui présentent l'avantage d'offrir aux opérateurs français des coûts bien moins élevés que ceux de l'hexagone. Que représentent les centres d'appel en terme d'emplois dans les pays du Maghreb ? 30.000 au Maroc, 12.000 en Tunisie et quelques centaines seulement, pour le moment, en Algérie, le dernier pays du Maghreb à les accueillir. Un filon important pour la recherche d'emplois donc dans la région, surtout que la barrière de la langue n'existe presque pas dans ces pays, où le français est encore largement présent. Un autre paramètre qui facilite les choses et qui attire les opérateurs des centres d'appel français. Du pain béni pour les entreprises françaises du secteur. Mais, une telle situation n'est pas de nature à plaire aux Autorités françaises qui peinent déjà à créer ou à sauvegarder l'emploi en raison de la crise financière, qui sévit encore dans le Vieux continent. En cinq ans - de 2004 à 2009 - le nombre d'emplois délocalisés dans le secteur est passé de 10.000 à 60.000. Quelques jours après l'annonce de la suppression de plus de 800 postes chez l'opérateur Téléperformance, le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez est sorti de sa réserve pour menacer carrément les entreprises qui délocalisent des sanctions. Très remonté, il a annoncé mardi que le Gouvernement organisera très prochainement des «assises des centres d'appels», avec la participation éventuelle de grandes entreprises et un arrêté pour imposer la transparence sur le lieu où sont implantés les centres d'appels. Le Gouvernement français veut tout savoir. M. Wauquiez a, même, laissé entendre que ces assises s'accompagneraient d'un arrêté gouvernemental pour obliger les entreprises recourant à des centre d'appels, à assurer une «transparence», sur le lieu d'implantation. «Ce qui est choquant, c'est que non seulement on ne vous dit pas où est situé le centre d'appel, mais on vous le cache, on demande à ceux qui vous répondent de changer leur nom», pour «faire croire qu'ils sont en France», s'est-il indigné. «Le but c'est d'en finir avec cette hypocrisie et de faire clairement apparaître ceux qui jouent le jeu et ceux qui ne jouent pas le jeu», a-t-il ajouté. «Mon but est que l'arrêté soit opérationnel dès le début de l'automne», a-t-il résumé. «Il ne faut pas exclure d'ailleurs que les opérateurs aient d'autres propositions», a ajouté M. Wauquiez. Selon le quotidien Le Parisien, le Gouvernement étudie un plan d'action contre la délocalisation des centres d'appel, afin d'inciter les entreprises à privilégier leur implantation sur le sol français. M. Wauquiez a confirmé la création d'une «prime symbolique», pour encourager la création de centres d'appels en France. «C'est un sujet qui pèse lourd, c'est 250.000 emplois en France» et «au cours des cinq dernières années, les emplois à l'étranger ont été multipliés par dix», a-t-il souligné. «Il y a cinq ans, (Jean-Louis) Borloo avait passé un accord avec le secteur des centre d'appel (qui) s'était engagé à créer 100.000 emplois. Ils en ont créé combien ? Aucun, a déploré M. Wauquiez. Il a même invité les consommateurs à mettre la «pression» sur les centres d'appels. Le syndicat CFTC, s'est de son côté, élevé contre cette situation et a réclamé de l'éthique. «Les donneurs d'ordre qui cherchent à réduire au maximum leurs coûts de fonctionnement sont responsables de la tromperie actuelle», car «les salariés des centres d'appels délocalisés, en francisant leur prénom, font croire qu'ils travaillent en France», a noté la CFTC dans un communiqué. Et «ce phénomène de délocalisation risque de s'amplifier avec le nouvel opérateur qui a pour pratique d'externaliser ses centres d'appels», a ajouté la centrale, dans une allusion à l'opérateur de téléphonie Free. La bataille ne fait donc que commencer pour les centres d'appel français qui semblent avoir trouvé dans les pays du Maghreb le bon filon pour leur développement.