Le «Dove World Outreach Center» («Centre colombe pour aider le monde»), groupe fondamentaliste chrétien basé en Floride, prévoit de brûler en public un exemplaire du Coran samedi à Gainesville, en Amérique, à l'occasion du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre, ce même jour qui coïncide avec l'Aid El Fitr, la fin du mois sacré du Ramadhan. Le projet est dénoncé de partout. De partout, affluent les condamnations. De plusieurs organisations religieuses émanent des communiqués, pour crier la désapprobation. Les appels au calme s'élèvent aussi de partout. Qu'en juge ! «Que personne ne brûle le Coran», l'Osservatore Romano, le quotidien du Vatican, s'est fait mardi l'écho des multiples condamnations. «Nous condamnons fortement cette intention et cette campagne, contraire au respect dû à toutes les religions», a déclaré Mgr Lawrence John Saldanha, archevêque de Lahore. L'Union des 20 000 églises chrétiennes protestantes d'Indonésie a écrit au président américain Barack Obama pour l'exhorter à intervenir. L'Iran a conseillé «aux pays occidentaux d'empêcher l'exploitation de la liberté d'expression pour insulter les livres saints», au risque de provoquer des réactions «incontrôlables». En Amérique même, d'autres voix s'élèvent contre cet acte islamophobe, à commencer par le général Petraeus et le secrétaire général de l'OTAN Anders Fogh Rasmussen. Ils ont condamné le projet de cette église américaine. Projet qui est «source d'inquiétude» et «place nos troupes en danger», a déclaré mardi la Maison-Blanche qui s'est dite préoccupée mardi par un tel projet de brûler le Coran. «Je suis très inquiet des répercussions possibles», a déclaré le haut gradé, qui a estimé que cela servirait la propagande des talibans en Afghanistan et renforcerait le sentiment anti-américain dans le monde musulman. Des associations musulmanes ont estimé que cette démarche confirmait l'augmentation de l'islamophobie aux Etats-Unis où un projet de centre islamique près de «Ground Zero» à New York déchaîne les passions. Le ministre américain de la Justice Eric Holder devait recevoir mardi 16 associations religieuses toutes croyances confondues, afin d'examiner les mesures que l'administration peut prendre contre les attaques anti - musulmans enregistrées récemment aux Etats-Unis. Une centaine de musulmans avaient déjà manifesté fin août devant l'ambassade des Etats-Unis à Jakarta et menacé de déclencher une guerre si le «Dove World Outreach Center» persistait. Malgré toutes les prises de position de par le monde, le pasteur de l'église, Terry Jones, a assuré sur la chaîne CNN que les «paroles du général américain Petraeus étaient prises très au sérieux», mais qu'il était pour autant «fermement résolu» à mener le projet à bien. «Nous réalisons que cet acte pourrait en effet offenser (...) les musulmans», a-t-il ajouté. «Mais nous estimons que le message que nous essayons de faire passer est bien plus important que le fait que des gens soient offensés. Nous croyons qu'on ne peut pas reculer devant les dangers de l'islam». Composé d'une cinquantaine de membres, ce groupe créé en 1986 et qui accuse l'Islam, «religion diabolique», de chercher à dominer le monde, a appelé d'autres groupes religieux à rejoindre «La journée internationale pour brûler le Coran». De quoi se demander, si ce même groupe n'est pas tout aussi atteint de cécité religieuse !