Produit stratégique sur lequel les pouvoirs publics tentent de s'investir pour diminuer la facture des importations et réguler un marché soumis au dictat de la spéculation, la production de lait bénéficie de moyens importants pour son développement. Un des axes majeurs de ce développement demeure la formation et l'introduction de technologies nouvelles pour optimiser les rendements jusque-là insuffisants malgré les investissements consentis. C'est au savoir-faire français qu'il est fait appel, dans la foulée de regain d'intérêt que suscite le marché algérien dans les milieux d'affaires français, notamment dans le secteur agricole. C'est dans cet ordre d'idées qu'un projet de coopération a vu le jour au début de 2012 entre le ministère de l'agriculture algérien représenté par l'institut des techniques d'Elevage (ITLEV) et le groupement d'éleveurs laitiers français Bretagne International. Le projet est intitulé LEBAN (traduction du petit lait en arabe) et consiste en la formation d'un millier d'éleveurs aux techniques de conduite d'élevage de vaches laitières et de production de lait selon les normes internationales. Comprenant un programme d'appui et d'accompagnement pour la modernisation des équipements d'élevage et l'intensification des rendements au profit d'un millier d'éleveurs algériens sur une période de 3 ans (2012-2014), le projet Alban a déjà touché 300 éleveurs, a fait savoir un communiqué de Bretagne International qui rappelle que le but final du programme en question est d'« amener les éleveurs laitiers algériens à augmenter de 50% la production moyenne par vache, tripler le nombre de vaches par ferme et multiplier par deux la production de lait cru dans chaque wilaya où se concentre l'élevage laitier ». En contrepartie, les Français auront l'exclusivité pour l'approvisionnement de la filière laitière algérienne en intrants, produits phytosanitaires, équipements et autres matériels pour l'amélioration des conditions d'accueil dans les bâtiments d'élevage : « L'émergence d'une filière laitière structurée en Algérie implique des investissements à plusieurs niveaux, génétique, bâtiments d'élevage, alimentation animale, hygiène, collecte, transformation, etc. Autant de nouveaux marchés pour les entreprises bretonnes, principalement celles qui adhèrent au programme Alban », précise Bretagne International dans un communiqué. Pour rappel, le projet Alban est d'une valeur de près de 2,3 millions d'euros, financé à 70% par le ministère de l'agriculture et 30% par la région de la Bretagne (France). Il comprend la mise en place de trois groupes d'appui bretons devant accompagner des éleveurs algériens dans le processus de renforcement de leurs capacités de production. Des conseillers des Groupements d'appui aux éleveurs (GAPELS) ont été formés en Bretagne et subi des stages pratiques au niveau des fermes d'élevage bretonnes en janvier et février 2012. Ces conseillers ont pour mission de venir en Algérie assister les éleveurs algériens choisis dans le cadre du programme ALBAN pour l'acquisition des outils de l'accompagnement en élevage, renforcement des capacités pratiques et théoriques sur l'alimentation du troupeau laitier, la conduite du troupeau et l'hygiène et la qualité du lait et la préparation de l'analyse terrain du fonctionnement de la filière laitière dans les wilayas. En guise du bilan d'étape de ce projet de coopération, la partie française (Bretagne International) estime que « les objectifs tracés pour la première année de mise en œuvre du programme sont atteints». Ainsi, annonce-t-on 360 éleveurs algériens ont d'ores et déjà rejoint le programme (objectif année 1 : 300 / année 3 : 1000) et sont suivis au quotidien par les conseillers techniques des 3 Groupements d'Appui aux Eleveurs basés dans les Wilayas de Relizane, Blida et Souk Arhas. Il est relevé également une amélioration qualitative et quantitative du lait collecté. En matière de partenariat, le bilan relève la concrétisation de deux joint-ventures entre sociétés bretonnes et algériennes, l'une dans le domaine de la nutrition animale, l'autre dans la qualité/process, ainsi que 21 accords de partenariats commerciaux consolidés entre entreprises bretonnes et algériennes et 10 projets d'implantation de sociétés bretonnes en Algérie. Le communiqué de Bretagne International estime que « ce premier bilan confirme que cette stratégie originale et innovante d'offre filière, alliant d'une part formation technique et méthodologique des éleveurs algériens par des experts laitiers bretons et d'autre part développement de partenariats entre entreprises bretonnes et algériennes fonctionne bel et bien et devrait selon toute vraisemblance s'intensifier ». Ainsi dans un partenariat qui se veut « gagnant-gagnant », l'enjeu pour l'Algérie dans ce domaine est de mettre en place une filière laitière modernisée et compétitive à même de contribuer à réduire les importations de poudre de lait, viser l'autosuffisance et créer de l'emploi. Pour cela, Bretagne International se dit prête à aider l'Algérie à créer une industrie dynamique en liens forts avec la Bretagne pour ouvrir de nouveaux marchés aux entreprises bretonnes.