La contrebande est l'un des phénomènes qui profitent de la mondialisation des échanges. Elle n'épargne aucun pays et touche divers secteurs de l'activité économique. L'Algérie fait partie de cet itinéraire que la marchandise de contrebande tente d'emprunter pour se répandre à d'autre pays telle une boule de neige. Les dispositifs mis en place par les services de sécurité ne peuvent venir à bout d'un réseau très organisé. Les vendeurs de tabac ne trouvent aucun mal à s'approvisionner. Et pour cause, une grande partie des Marlboro, Gauloises et autres American Legend ne viennent pas d'outre-mer mais des fins fonds du Mali, du Niger et de Mauritanie. Dans le but de freiner ou du moins minimiser les dégâts, la Britsh American Tobacco a chargé une agence de détectives privés, Géo Business Intelligence, d'analyser le trafic de cigarettes à Lyon (France) dans certaines communes de banlieue. Les résultats de l'enquête viennent d'être déposés sur le bureau français du géant mondial du tabac. Le document a aussitôt été transmis, avec photos et enregistrements vidéo, au directeur général de la douane. Le rapport indique qu'au minimum cinq cents paquets seraient écoulés chaque jour. Leur origine : "Les American Legend, les plus vendues", précise le rapport, proviennent "du bled", sous entendu l'Algérie. Il est à signaler sur ce point précis que les frontières sud de l'Algérie ont de tous temps été considérées comme le fief de la mafia des cigarettes. Les Marlboro proviendraient soit d'Italie, soit d'Espagne, selon les vendeurs qui donnent une réponse évasive à ce sujet. Ceux qui disent qu'elles viennent d'Espagne précisent que celles qui viennent d'Italie sont de la contrefaçon. Parmi les vendeurs, les détectives ont évidemment repéré des "kebabs", restaurants et épiceries. La plupart du temps, ils proposent de la "vraie" marchandise. Néanmoins, parfois, un doute subsiste. Autre mode de vente, adopté dans le trafic des cigarettes, la sauvette sur un coin de trottoir. A cet effet, le constat des privés démontre que "le vendeur qui a toujours un comportement très amical est aussi un commercial qui suggère au client de prendre toujours contact avec lui à l'avenir. Il lui donne même parfois son numéro de portable. Ce qui confirme une certaine compétition entre les vendeurs". Il apparaît également que "tout semble extrêmement organisé". "Il est impossible de rester trop longtemps, le guetteur surveille et repère vite les gens qui s'attardent sur la place. Vendeurs et guetteurs sont d'ailleurs tous très physionomistes". Les enquêteurs soulignent, par ailleurs, que certains bars ou commerces, sans pour autant être des lieux de stockage, servent de "refuge temporaire pour les vendeurs" dès qu'une patrouille de police est signalée. En ce qui concerne les prix, ils ne varient guère. 3,50 euros le paquet. Toutefois, le tarif de la cartouche peut être ramené, après marchandage, de 35 euros à 30 euros. Autant d'observations donc sur un phénomène qui tend à se développer à travers le monde. Et autant d'interrogations s'imposent également sur les propriétaires des usines africaines de fabrication de cigarettes. Etant donné que le tabac est assez rare dans ces pays, il est difficile de croire qu'ils ne bénéficient pas d'un appui étranger, notamment de la part des grands producteurs de cigarettes qui pourraient, grâce à cette formule, échapper tout simplement au fisc.