Après des négociations houleuses, le Congrès américain et la Maison Blanche sont tombés d'accord sur le plan de sauvetage des banques. Le contribuable américain mettra donc la main à la poche à hauteur de 700 milliards de dollars pour racheter les "créances pourries" des banques. Ce plan vise à empêcher un effondrement du système bancaire et financier, qui déboucherait sur une grave récession, les banques ne pouvant plus alimenter l'économie en crédits. L'Etat américain, qui va intervenir massivement pour la première fois depuis la grande dépression des années 1930, doit racheter avec l'argent du contribuable les créances douteuses, actifs à risques et invendables des institutions financières américaines, plombées par la crise des crédits hypothécaires à risque (subprime). L'objectif est que les établissements de crédit, même en difficulté, puissent continuer à octroyer des prêts. Les actifs rachetés doivent être regroupés et le gouvernement s'efforcera de les revendre ultérieurement au meilleur prix possible, afin de limiter les pertes. Alors que les faillites et sauvetages se multiplient aux Etats-Unis, la contagion gagnait sévèrement l'Europe. Au moment où, au Congrès américain, un accord était trouvé sur le plan Paulson, les places boursières évoluaient en très forte baisse. A la mi-journée, de nouvelles banques européennes apparaissaient comme des victimes potentielles de la crise financière. La tempête, qui s'est emparée des marchés mondiaux après la série de faillites d'établissements financiers américains, continue donc à se propager sur le continent européen. La Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Belgique, mais aussi le Danemark et dans une moindre mesure l'Italie, l'Espagne et la France commencent à mesurer sérieusement les effets de la crise. La Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg ont annoncé l'injection d'un total de 11,2 milliards d'euros dans Fortis, en grande difficulté, tandis qu'au Royaume-Uni le gouvernement a nationalisé lundi la banque en difficulté Bradford & Bingley, et cédé ses meilleurs actifs au groupe espagnol Santander. En Allemagne enfin, la banque Hypo Real Estate, menacée de faillite, a obtenu de la part d'un consortium de banques allemandes des crédits "à hauteur suffisante" pour continuer ses activités, a-t-elle annoncé lundi. Par ailleurs, la Banque centrale européenne (BCE) a injecté lundi comme prévu 30 milliards de dollars sur le marché monétaire dans le cadre de ses opérations concertées avec la Réserve fédérale américaine visant à soulager les marchés. Cette opération, d'une maturité d'un jour, a été marquée par une forte augmentation de la demande de crédits, qui s'est élevée à plus de 57 milliards contre 41 milliards vendredi, selon un communiqué destiné aux marchés financiers. Les établissements ont été nombreux à demander des refinancements (42 au total, contre 33 lors de la précédente). Le taux marginal de l'appel d 'offres est ressorti à 3%. Vendredi, la BCE avait réduit le montant alloué lors de ces appels d'offres journaliers, auparavant de 40 milliards, mais annoncé parallèlement une extension de ses accords d'échanges de devises ("swap") avec la Fed prévoyant, notamment, des opérations de refinancement en billets verts sur une semaine pour aplanir les tensions sur les marchés, ravivées à l'approche de la fin du troisième trimestre.