Les pourparlers sur le plan du sauvetage des banques américaines, frappées de plein fouet par la crise financière, n'ont toujours pas abouti. Les discussions devront se poursuivre aujourd'hui au Congrès américain et s'annoncent houleuses en raison d'un contre-projet des républicains de la Chambre des représentants appelant à épargner l'argent des contribuables. Faut-il reconnaître que le contre-projet des républicains est venu remettre à zéro les compteurs des négociations avec les démocrates qui avaient annoncé un accord dès jeudi dernier. L'administration Bush tablait aussi sur un consensus presque acquis pour un plan qui doit permettre le déblocage de 700 milliards de dollars de l'argent des contribuables pour racheter les créances douteuses des banques. Mais le temps presse et les finances américaines semblent au bord de la catastrophe. La situation s'était aggravée jeudi dernier après la fermeture de la banque de dépôt Washington Mutual et la reprise de ses activités viables par JP Morgan Chase. C'est la dernière victime en date de la crise des crédits hypothécaires (subprimes) après les banques Lehman Brothers et Merrill Lynch et l'assureur AIG. Les experts, eux, se demandent quel sera le prochain domino financier à succomber. Le grand groupe bancaire et d'assurance belgo-néerlandais Fortis, objet de rumeurs, n'a pas convaincu les marchés en annonçant un projet de vente d'actifs pour 5 à 10 milliards d'euros. Le titre dudit groupe a plongé de 21%, vendredi, à Amsterdam, à la suite de rumeurs d'insolvabilité démenties pourtant par sa direction. L'onde de choc des appréhensions a d'ores et déjà atteint la zone euro. Vendredi, le président de l'Eurogroupe et chef de file des ministres des Finances de la zone euro, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, avait souhaité un accord aux Etats-Unis « le plus vite possible », soulignant que les « banques européennes souffrent de cette incertitude ». Un accord conclu avant la réouverture, demain, des places financières, pourrait sauver les meubles et éviter une autre chute brutale en mesure d'aggraver la situation. Le contre-projet des républicains a été élaboré par un groupe de travail dirigé par le représentant Eric Cantor, l'un des républicains qui avait été pressenti pour devenir le candidat à la vice-présidence de John McCain. Ce souci d'épargner l'argent des contribuables répond à une préoccupation de John McCain, qui n'a toutefois pas annoncé publiquement s'il soutenait ou non cette proposition. A Londres, la banque HSBC a annoncé 1100 suppressions d'emplois, tandis que la banque Bradford and Bingley (B&B), touchée par la crise immobilière, pourrait être nationalisée, ont rapporté, hier, des quotidiens britanniques. Visiblement freinée par l'impact de la crise sur l'économie réelle, la croissance américaine pour le deuxième trimestre a été nettement revue à la baisse (0,5 point de moins qu'estimée) à 2,8% en rythme annuel. Autre signe du ralentissement économique à venir, le pétrole qui a terminé à 106,89 dollars à New York, en recul de 1,13 dollar par rapport à la veille. En attendant un éventuel accord au Congrès, la crise financière mondiale a donné de nouveaux signes d'aggravation ce vendredi après la faillite de la banque Washington Mutual. La fermeture de cette banque de dépôt constitue une autre plus grosse faillite dans l'histoire de la finance américaine. Les européens, eux, subissent déjà les premières pertes et gardent les yeux rivés sur le Congrès américain.