Par Mohamed Latrech Loin de la guerre à Ghaza, pour laquelle l'Europe a brillé par l'absence de prise de positions, il y a une autre guerre que l'Europe craint le plus : celle du gaz ou communément appelé l'or gris. Le spectre d'une pénurie énergétique plane sur l'Union européenne, alors que la période hivernale bat son plein. Gazprom, le géant russe, a annoncé la cessation de ses approvisionnements de gaz à l'Ukraine, pays par lequel transitent 80 % des fournitures de gaz destiné aux Vingt-Sept. Pour l'instant, aucun pays européen n'a décelé le moindre impact sur ses approvisionnements. L'Union européenne dispose, en moyenne, de l'équivalent de trois à six mois de stock. Le noyau dur de l'Europe ceci dit : l'Allemagne, la France, et l'Italie pour ne citer que ces derniers, refusent de se voir dicter par l'Europe leurs relations énergétiques avec la Russie. Officiellement, la querelle butte sur le montant de la dette due par l'ukrainien Naftogaz à son homologue Gazprom et sur le nouveau prix auquel la Russie entend vendre son gaz à l'Ukraine. Alors qu'officieusement, l'affaire, selon des sources, serait tout autre. Car en fait, le gaz livré jusqu'en fin d'année à l'Ukraine a été payé le 30 décembre par Naftogaz la compagnie publique ukrainienne au groupe Gazprom. Rosukrenergo, compagnie russo-suisse, filiale à 50% de Gazprom et société tampon imposée par Gazprom lors de la guerre du gaz de (2005-2006). Cette dernière avait même reconnu le 31 décembre avoir reçu les fonds. Le hic, c'est que c'est la filiale n'a pas encore payé Gazprom. Il s'agit donc d'une dette intra-groupe de Gazprom non encore payée à sa maison mère. Toujours est-il, certains "souverainistes" de l'Europe voient d'un mauvais œil, l'attitude ou cet excès de zèle de la Russie d'imposer sa politique au gré des humeurs des locataires du Kremlin. Alors que pour les Unionistes la Russie a non seulement raison, mais est un partenaire stratégique fiable : elle a augmenté le débit du gaz passant par l'Ukraine et par la Biélorussie (à la demande de ses acheteurs) tout en coupant le gaz au mauvais payeur avec des antécédents de vol. Reste maintenant à savoir comment vont évoluer les choses quand on sait le caractère plutôt honorifique de la fonction présidentielle tchèque et le profil plus qu'eurosceptique de Monsieur Klaus. On peut s'attendre à de sérieux blocages et tensions !