Face à une activité économique qui est en train de s'effondrer partout dans le monde, comme il le souligne dans une note remise, le 14 mars, aux ministres des finances et aux gouverneurs de banques centrales qui étaient réunis pour préparer le G20 du 2 avril, le Fonds monétaire international (FMI) juge impératif que les Etats consacrent au moins 2% de leur produit intérieur brut (PIB) à des plans de relance et que cet effort soit maintenu en 2010. Si cet objectif était atteint, le FMI affirme que 19 millions d'emplois seraient créés ou sauvés. Un retournement spectaculaire. La note du FMI souligne que le monde est en train de passer, en peu de mois, d'une croissance de + 3,2 % en 2008 à une récession comprise entre - 0,5 % et - 1 % en 2009, la première depuis la Seconde Guerre mondiale. Comme prévu, ce sont les pays avancés qui souffrent le plus avec un recul évalué entre -3 % et -3,5 % pour l'année en cours : -2,6 % pour les Etats-Unis, -3,2 % pour la zone euro et -5,8 % pour le Japon. Le coup de frein a été impressionnant à partir du quatrième trimestre de l'année 2008 : en rythme annualisé, -7 % pour l'ensemble des pays avancés, -6 % pour les Etats-Unis et la zone euro et -13 % pour le Japon ! Seuls les pays émergents et en développement garderont la tête hors de l'eau avec une poursuite de la croissance comprise entre +1,5 % et +2,5 %. Au sein de ce groupe, c'est l'Afrique et le Moyen Orient qui connaîtront le ralentissement le moins prononcé. La bonne nouvelle, c'est que l'inflation continuera à reculer sous l'effet des baisses des prix des matières premières et grâce à l'effet déflationniste de la conjoncture médiocre. La mauvaise, c'est que la reprise sera très lente en 2010. Le taux de croissance espéré l'année prochaine serait de 1,5 % à 2,5 % pour le monde entier, c'est-à-dire de 0 % à 0,5 % pour les économies avancées (+0,2 % pour les Etats-Unis, +0,1 % pour la zone euro et -0,2 % pour le Japon) et de 3,5 % à 4,5 % pour les pays émergents et en développement. Les experts du FMI prennent soin de dire que, compte tenu de la rapidité de la dégradation, il pourraient être amenés à noircir encore le tableau, lors de la publication de leurs prévisions détaillées de printemps, le 22 avril. Le Fonds explique que "c'est l'allongement de la crise financière qui a miné l'activité économique mondiale plus qu'il n'était attendu" et que, de ce fait, la confiance n'a pu se rétablir. Une stabilisation du secteur financier trop lente. Le FMI se montre critique à l'égard des gouvernements sans en nommer un en particulier. Ses griefs portent d'abord sur la lenteur à régler les problèmes du secteur financier qui n'a toujours pas été débarrassé de ses actifs toxiques et qui n'a pas été suffisamment recapitalisé. "Des retards dans la mise en œuvre de politiques globales pour stabiliser les conditions financières aboutiraient à une aggravation de la spirale négative entre l'économie réelle et le système financier, conduisant à une récession encore plus profonde et plus longue", prévient le rapport. Des stimulations de la demande trop faibles. Le FMI se fait plus impérieux pour rappeler aux pays du G20 qu'il juge impératif qu'ils consacrent à leur plan de relance au moins 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) et que cet effort soit maintenu en 2010. Si cet objectif était atteint, le FMI affirme que 19 millions d'emplois seraient créés ou sauvés. Or, l'organisme dirigé par Dominique Strass-Kahn a calculé que les "mesures discrétionnaires" pour stimuler la demande ne dépasseront pas 1,8 % en 2009 et 1,3 % en 2010 pour l'ensemble du PIB du G20 : 2 % et 1,8 % pour les Etats-Unis, 1 % et 0,8 % pour la zone euro, 1,4 % et 0,4 % pour le Japon. Le seul bon élève est la Chine qui injectera 3,2 % en 2009 et 2,7 % en 2010. Il y a gros à parier que l'essentiel du débat qu'auront à Londres, le 2 avril, les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 tournera autour de ce cri d'alarme auquel adhère l'administration Obama : pour éviter une dépression, il vaut mieux faire trop que pas assez.