N'importe quel discours portant sur le développement et la création d'emplois ne peut devenir crédible pour les populations que s'il portait sur l'engagement à créer des usines nouvelles. Depuis l'industrialisation accélérée durant les années 70, depuis également la redistribution des bénéfices, depuis l'intégration des élus représentant les travailleurs au sein des ATU et des ATE, il n'est nullement perçu par les populations que les conditions socioéconomiques puissent être rassemblées sans la création d'usines. C'est ce qui est partout réclamé par les populations pour leurs wilayas, mais surtout pour leurs communes. Pour les populations, ce sont les usines nouvelles qui peuvent être le signe de la bonne santé de l'économie et quand il n'y a pas d'usines nouvelles, plus particulièrement quand les populations apprennent que bien au contraire, il est procédé à la fermeture d'usines ou d'entreprises, c'est bien sûr le désarroi total et la perte de tous les repères qui aidaient le travailleur, ou plutôt le citoyen, à organiser sa vie et se projeter dans le futur. Selon les populations, il n'est point indispensable que ce soit les étrangers exclusivement qui en construisent chez nous sous forme d'investissements. Entendre parler de la «stratégie industrielle» donne quelques espoirs, car cela sonne comme «création d'usines», et cela rappelle les années 70, époque où les emplois étaient créés en masse par les plans triennaux et quadriennaux. Cela autorise quelques espoirs pour les populations qui observent avec inquiétude que depuis les années 80, il n'y a plus de constructions d'usines. Et pourtant, il y a bien des entreprises sans usine, mais sans impact psychologique positif pour les populations qui ne croient qu'en les usines. Seule l'implantation de nouvelles usines est perçue comme pouvant donner aux populations l'espoir que leurs enfants ne seront pas tentés par l'appel des sirènes de l'autre côté de la Méditerranée, un appel meurtrier qui équivaut à un appel au suicide. L'économie de marché ? Cela se résume à la fermeture des entreprises, à l'introduction des CDD qui mettent en péril les carrières, et même les retraites, car il n'est pas garanti que l'emploi soit sécurisé pour cotiser durant la période nécessaire. Il y en a qui avaient publiquement fait l'apologie de l'économie de marché, mais ceux là ont maintenant changé de discours. Ils n'en parlent même plus. N.B