La sortie de crise n'est pas pour demain pour les compagnies aériennes internationales. Malgré un léger mieux sur le front du trafic, le transport aérien devrait encore perdre quelque 5,6 milliards de dollars l'an prochain, a annoncé hier à Genève l'Association du transport aérien international (Iata). Un chiffre aggravé de près de 2 milliards par rapport à la précédente estimation, compte tenu du renchérissement du pétrole et de la déprime persistante de la recette unitaire. L'année 2009 devrait s'achever sur une perte nette cumulée de 11 milliards de dollars pour les 230 compagnies membres de l'Iata, qui s'ajoutera aux 16,8 milliards perdus en 2008. " Nous arrivons au terme d'une "annus horribilis" ", qui conclut une " decennis horribilis ", a résumé le directeur général de l'Iata, Giovanni Bisignani. Entre 2000 et 2009, les compagnies aériennes ont perdu 49,1 milliards de dollars, soit une moyenne de 5 milliards de dollars par an. Mais la particularité de la crise est la baisse sans précédent des recettes, qui semble résister à la reprise du trafic. De 2008 à 2009, le chiffre d'affaires cumulé des compagnies Iata, qui représentent 93 % du trafic aérien international, a ainsi reculé de 79 milliards de dollars, à 456 milliards. A la baisse du trafic passagers et cargo s'est ajouté le report d'une artie de la clientèle affaires sur les tarifs les plus bas, accentuant le recul de la recette. Un phénomène mondial et apparemment durable. Si le taux de remplissage moyen des avions est revenu au niveau d'avant la crise, grâce aux réductions de capacité et aux promotions tarifaires, le prix moyen acquitté par le passager reste inférieur de 16 % en moyenne au niveau de début 2008, selon l'Iata. Un écart que les mesures d'économies ne suffisent pas à combler. D'où les lourdes pertes encore attendues pour 2010. " D'après nos prévisions, 2010 ressemblera probablement à 2007, avec le même nombre de passagers (2,3 milliards) et un baril de pétrole à un prix moyen équivalent d'environ 75 dollars… Sauf que notre chiffre d'affaires 2010 devrait être inférieur d'environ 30 milliards à celui de 2007 ", explique Giovanni Bisignani. Les plus touchées seront toujours les compagnies européennes, dont les pertes atteindraient 3,5 milliards de dollars pour cette année et encore 2,5 milliards l'an prochain. Elles cumulent en effet une forte dépendance à la clientèle " haute contribution " et le handicap d'une économie européenne à la traîne de la reprise mondiale. Les compagnies asiatiques, qui devraient également afficher de lourdes pertes cette année (3,4 milliards) devraient bénéficier du rebond des principales économies asiatiques, Chine en tête. Quant aux compagnies américaines, qui espéraient revenir aux bénéfices en 2009, elles devraient encore enregistrer 2,9 milliards de pertes pour 2009 et 2 milliards l'an prochain. Les seuls à tirer leur épingle du jeu seraient les transporteurs sud-américains, qui bénéficient à la fois d'une forte croissance économique, notamment au Brésil, et de coûts très bas. Quant aux compagnies du Moyen-Orient, elles devraient rester globalement dans le rouge, vif en 2009 (avec 1,2 milliard de pertes) et être proches de l'équilibre en 2010. M.K