Quatre pèlerins iraniens ont été tués dans l'explosion d'une voiture piégée près d'un lieu saint de Nadjaf, à la veille d'élections législatives à valeur de test pour l'Irak, ont rapporté des responsables. La déflagration a détruit au moins deux autocars de voyage garés dans un garage près du sanctuaire de l'imam Ali, où des millions de pèlerins chiites se rendent chaque année, d'Irak et d'Iran principalement. L'attentat a fait quatre morts parmi des pèlerins iraniens et sept blessés, dont trois policiers irakiens, a dit Louay al Yassiri, responsable régional. Les derniers jours de la campagne électorale ont été émaillés de nombreuses violences qui ont fait au moins 45 morts, dans la capitale Bagdad notamment, où des bureaux de vote ont été visés jeudi lorsque les membres des forces de sécurité votaient par anticipation. Al-Qaida a menacé de mort vendredi les Irakiens qui participeront aux élections législatives de dimanche et déclaré un "couvre-feu" pour empêcher la tenue d'un scrutin jugé crucial pour le pays. "L'Etat islamique (...) déclare que quiconque sortira de chez lui pour participer à cette journée, défiant la loi de Dieu et ses mises en gardes claires, s'expose malheureusement à sa colère et à toute sorte d'armes des Moudjahidine", affirme la branche irakienne d'Al-Qaïda dans un communiqué publié sur des sites jihadistes et rapporté par SITE. "L'Etat islamique déclare le couvre-feu pour le jour de l'élection (...) de six heures du matin à six heures du soir, dans tout l'Irak et en particulier dans les zones sunnites", ajoute SITE, un centre américain de surveillance des sites islamistes. Al-Qaida et le groupe extrémiste Ansar al-Sunna avaient menacé il y a quelques jours de "tout faire" pour torpiller ces élections. Mercredi et jeudi, une série d'attaques, pour la plupart des attentats suicide, portant la marque d'Al-Qaïda, ont fait près de cinquante morts, à Bagdad et Baqouba. Lors de la prière du vendredi, les mosquées et les imams ont appelé dans leur prêche les Irakiens à participer en masse au vote, notamment dans les régions sunnites qui avaient largement boycotté le scrutin de 2005. La participation des sunnites est l'un des enjeux majeurs du scrutin qui devrait marquer leur retour en force dans le jeu politique. A Ramadi, la capitale de la province d'Al-Anbar qui fut le fief de l'insurrection sunnite après l'invasion de l'Irak par l'armée américaine en 2003, les imams ont aussi relayé les appels à la participation. Dans la ville sainte chiite de Kerbala, au sud de Bagdad, les imams ont aussi insisté auprès de leurs fidèles pour qu'ils effectuent leur devoir de citoyen dans cette jeune démocratie. Dans la région semi-autonome du Kurdistan (nord), des affrontements ont opposé à Halabja des partisans de la liste dissidente Goran (Changement) et à ceux de sa rivale, l'Alliance kurde, faisant cinq blessés, selon les services de sécurité. Mais le dirigeant kurde Massoud Barzani a minimisé les divergences entre listes, appelant les électeurs à voter en masse pour que les Kurdes obtiennent le maximum de sièges au Parlement. Aujourd'hui , environ 19 millions d'Irakiens doivent se rendre aux urnes dans les 18 provinces qui constituent autant de circonscriptions lors des deuxièmes législatives depuis le renversement de Saddam Hussein. Le scrutin est sous haute surveillance de craintes d'attentats. A Bagdad, environ 200 000 membres des forces de sécurité irakiennes seront mobilisés alors que la circulation sera interdite aux véhicules dans les villes. Contrairement aux législatives de 2005 où les troupes américaines protégeaient les urnes aux côtés des forces irakiennes, les soldats américains ne participeront pas aux opérations de sécurité durant le scrutin.