Suspendu depuis 1977, le très intéressant festival des arts nègres sera de retour cette année pour une troisième édition en 44 ans après sa naissance en l'an 1966. Il se déroulera du 10 au 31 décembre prochain dans deux villes symboliques du Sénégal, Saint- Louis qui conserve une colossale mémoire sur la nègritude et Dakar la capitale. Défendu bec et ongles par Léopold Sédar Senghor, le défunt poète et ancien président du Sénégal, le Festival Mondial des Arts Nègres aura donc bel et bien lieu dans cette contrée qui contient toujours des vestiges qui rappellent la triste traite des nègres et leur abominable destinée. Des vestiges comme l'Ile de Gorée d'où devaient partir comme des marchandises des noirs enchaînés pour bâtir impitoyablement le nouveau monde. Le festival des arts nègres est dans ce sens un événement aussi politique que culturel. Il est de ce point de vue particulièrement attendu par la population noire, car ce rendez-vous comme c'était le cas des années auparavant dans les métropoles, serait une occasion d'assumer entièrement un art qui fait partie des premières civilisations du monde. Assumer un art serait pareil que " d'assumer sa négritude " d'après un autre défunt poète de la négritude, Aimé Césaire. Véritable événement culturel et politique, ce rendez-vous n'a eu que deux éditions, une première en 1966, et une seconde dix ans après en 1977 à Lagos au Nigeria, et une troisième enfin, trente trois ans après, en 2010. Dakar reprend le flambeau de la négritude grâce à la clairvoyance de Me Abdoulaye Wade, jadis farouche opposant à la politique de Senghor et actuel Chef de l'Etat du Sénégal. C'est une véritable leçon de modestie et d'honnêteté intellectuelle que Me Wade donne à ses collègues chefs des Etats du continent africain habitués à tout enterrer lors de leur accession à la magistrature suprême. Cette 3ème édition du Fesman se déroulant durant le cinquantenaire de la majorité des pays africains, doit interpeller tout un chacun pour que les peuples nègres sortent de leur léthargie. Une période qui pousse à une méditation sérieuse sur le passé, le présent et l'avenir. Des activités festives Que va comporter cette importante manifestation plusieurs fois reportée ? Le président Abdoulaye Wade prévient que ça ne sera jamais " une addition d'événements, il doit dégager un message. Lequel ? Emis par qui ? Destiné à qui ? Par la voie de la culture, à travers une formulation très nette et très claire ". D'où la question soulevée par le Président Abdoulaye Wade: "Qu'est-ce que l'Afrique veut dire au reste du monde? ". Déjà, le planning prévoit une série d'activités : Forum-débat, Salon du livre, Gastronomie, Expositions des créateurs, Architecture, Danse et Théâtre, Cinéma, Arts d'Afrique, Arts visuels, Design, Photographie, Artisanat d'art, Expositions : épopée des musiques noires, Sciences et Technologies, Sports (course de 5 km et 10 km), Défilé de mode, Soirées de gala et thématique...Des réflexions vont dans le sens de " l'Apport des peuples noirs à la Science et à la Technologie ; permanence de la résistance des peuples noirs ; les diasporas africaines: Géographie-Peuplement- histoire- Situation politique, la participation des peuples noirs à l'avènement du Monde Libre ; quelle place et quel rôle pour l'Afrique dans la gouvernance mondiale? Les anciens Egyptiens étaient-ils ou non des Noirs ? Le Brésil, l'invité d'honneur S'il y a un pays au monde où la diversité culturelle n'est pas un vain mot, c'est bien le Brésil. Il dispose d'un patrimoine culturel très riche pour le peuple noir. Tous les reliquats de la tradition négro-africaine issus de la traite négrière y sont mis en valeur. Alors que l'Afrique, mère-patrie pour tous, perd de plus en plus son âme aux dépens de la civilisation occidentale. Le Fesman 2010 met le tapis rouge pour le Brésil : avec 80 millions d'habitants noirs ou métis, le Brésil, symbole de la diversité culturelle, est le pays qui compte le plus d'habitants noirs ou métis, après le Nigeria, sera représenté dans toutes les disciplines du Festival, dont le sport. Le Brésil présidera deux soirées musicales ; une soirée lui sera dédiée, pour découvrir ses richesses musicales. Une soirée Lusofonia permettra aux pays d'Afrique lusophone de se réunir autour du Brésil. Durant ses concerts, des spectacles de danses et parades populaires inspirées des traditions festives brésiliennes feront vibrer les rues sénégalaises... Le Festival sera l'occasion de découvrir le Brésil dans toute sa diversité et sa fécondité et de mettre en valeur son héritage africain.Par ailleurs et selon le délégué général du festival, Aziz Sow le coût du festival est estimé à 18 milliards FCFA (1euro équivaut à 656 FCFA), avant de préciser que "cette somme est déjà inscrite dans le budget 2009 de l'Etat du Sénégal".