Le prix moyen du panier des douze bruts produits par les pays de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), est monté au-dessus du seuil des 80 dollars pour la première fois depuis cinq mois, selon les chiffres quotidiens diffusés mercredi par le cartel. Le prix de ce panier a atteint mardi 80,14 dollars le baril, contre 79,95 dollars le jour précédent, selon les calculs du secrétariat de l'Opep, renouant avec des niveaux plus vu depuis le 5 mai. Ce chiffre agrège les prix des bruts produits par les douze membres de l'organisation (Arabie Saoudite, Algérie, Angola, Equateur, Iran, Irak, Koweït, Libye, Nigeria, Qatar, Emirats arabes unis et Venezuela). Le panier de l'Opep, dont le prix moyen est calculé quotidiennement, ne détermine pas les contrats à terme sur les principaux marchés internationaux (Londres et New York) mais donne une idée de la valeur à la production du pétrole exporté par les membres du cartel. Le Brent et le WTI ont franchi la semaine dernière le seuil des 80 dollars, pour la première fois depuis début août. Notons que la cotation du brut sera soutenue par la conjonction d'une hausse sensible de la demande des pays émergents, d'une offre limitée et d'une politique monétaire américaine accommodante. Les cours du pétrole brut, qui se maintenaient depuis juin entre 72 et 80 dollars ont subitement montés vers les 82 dollars début août avant de chuter de plus d'une dizaine de dollars avant la fin de ce mois. Le cours s'est rétabli depuis, se maintenant en septembre autour de 75 dollars avant de grimper à nouveau au-dessus de 82 dollars en octobre. Les économies de l'OCDE, si elles semblent avoir écarté la possibilité d'un cycle en W, n'ont guère retrouvé leur vigueur pour autant, note Harry Tchilinguirian, un analyste responsable de la stratégie pétrole de BNP Paribas. En 2010, rappelle l'analyste, la hausse de la demande de pétrole des pays industrialisés ne devrait pas dépasser 200 000 barils/jour (b/j), une quantité négligeable en regard des 1,9 million de b/j d'augmentation globale de la demande attendus par l'AIE. Ce sont en effet les pays émergents - Chine (760 000 b/j), Brésil (140 000 b/j), Moyen-Orient (280 000 b/j) - qui assurent la majeure part de la demande additionnelle. En 2011, prévoit Harry Tchilinguirian, la demande ne devrait progresser que de 1,5 million de b/j, avec un léger reflux des pays de l'OCDE. L'offre des pays hors Opep, qui avait limité les hausses au premier semestre, va sensiblement ralentir au deuxième semestre, et même refluer en 2011, laissant aux pays du cartel la tâche d'équilibrer le marché. Bien que le respect des quotas décidés il y a deux ans se soit considérablement distendu, la production des pays de l'Opep est encore en net retrait par rapport à celle de 2008. Mais, avec un prix plancher actuel du baril à 70 dollars, il n'y a pas d'urgence à un durcissement, d'autant que l'Irak peine toujours à relancer son extraction. Mais l'offre globale ne devrait pas manquer, aidée par l'augmentation de la production de GNL, d'agrocarburants et de l'extraction de sables bitumineux au Canada.