Pas encore vu en Algérie, "Voyage à Alger " de Abdelkrim Bahloul a raflé deux distinctions aux journées cinématographiques de Carthage, un important rendez- vous africain tout comme l'est depuis plus d'un quart de siècle FESPACO de Ouaga. Un " Tanit d'argent" et le Prix du public, deux distinctions qui sont allées au long métrage algérien qui a fait quelques festivals et qui n'est pas encore à l'affiche dans aucune salle. Le rendez-vous cinématographique qui en est à sa 23ème édition s'est déroulé du 23 au 31 octobre avec un nombre important d'étoiles du monde arabe et du monde entier. Dans une déclaration à chaud, Abdelkrim Bahloul a appelé à l'accroissement de la production cinématographique algérienne afin, a-t-il dit, que " les réalisateurs algériens puissent traiter eux-mêmes les questions qui concernent leur pays au lieu que des réalisateurs étrangers le fassent avec leur propre vision ". Il s'est dit "fier" de cette double récompense qu'il a qualifiée d'"extrêmement importante" en ce qu'elle marque la continuité et la pérennité de la créativité du cinéma algérien qui s'est illustré mondialement. Abdelkrim Bahloul a, par ailleurs, appelé à la création de nouvelles salles de projection cinématographique et à la rénovation des vieilles salles de cinéma afin d'ancrer la culture cinématographique en Algérie, et de faire aimer le septième art aux générations montantes. Par ailleurs, le film égyptien "Microphone" a remporté le "Tanit d'or" alors que le "Tanit de bronze" des longs métrages a été décerné au film marocain "La mosquée". Le prix de la meilleure interprétation masculine a été décernée à l'Egyptien Asser Yaseen pour son rôle dans le film "Messages de la mer" et celui de la meilleure interprétation féminine à la Sud-Africaine Denise Newman pour son rôle dans le film "Shirley Adams". Le film s'est distingué ailleurs En août dernier, " Voyage à Alger " était visible au troisième Festival du Film francophone d'Angoulême. Produit par Bachir Derraïs, un associé de Bahloul de concert avec Les films de la Source, la Télévision algérienne et le soutien du ministère de la Culture, ce long métrage a été tourné entre 2007 et 2008 à Saïda (Algérie), ville natale du réalisateur. Il a remporté, l'an dernier, le Bayard d'or du meilleur scénario de long métrage fiction lors de la 24e édition du Festival international du film de Namur (Belgique). " le Voyage à Alger " a également bénéficié de l'aide de "Alger capitale de la Culture arabe 2007 " et a raflé à la fin de l'an dernier un prix au Festival d'Espagne, et était à l'affiche du 33ème Festival du Caire qui s'est bouclé en queue de poisson à cause du catastrophique match qui a opposé l'Algérie à l'Egypte pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2010. "le Voyage à Alger" raconte une histoire réelle vécue par une veuve de chahid qui se retrouve seule avec ses enfants dans une société fraîchement libérée du joug colonial, mais qui finira par obtenir ses droits grâce à l'intervention d'un haut responsable. C'est le combat d'une femme algérienne, veuve de guerre et mère de six enfants pour conserver une maison du centre ville de Saïda que leur a laissé un Français à l'Indépendance du pays. De guerre lasse, elle décide de se rendre dans la Capitale avec ses enfants pour y rencontrer le président de la République. En un mot, le film s'attache au combat d'une femme expropriée, par un des chefs de sa ville. " Le voyage à Alger " un film paraphé après plusieurs années d'absence de la scène cinématographique du réalisateur Abdelkrim Bahloul, qui vit depuis quelques années en France, n'a pas encore été distribué, même pas en Algérie. Pourtant il est produit en partie par l'argent de l'Etat algérien. Il faut dire qu'on assiste depuis quelques années au retour en force du thème sur la Révolution, sujet largement abordé dans les années 70 soit au lendemain de l'Indépendance, lorsque les pouvoirs en place voulaient montrer aux algériens et aux peuples du monde les affres de la guerre mais aussi une certaine idée de l'héroïsme d'un peuple qui a résisté jusqu'au bout malgré les manques en tout genre. Mais encore, le thème de la guerre et surtout de la Révolution est largement encouragé par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika qui promet même une aide conséquente de l'Etat pour les cinéastes qui se pencheraient sur la question.