L'entreprise la plus secrète de France, Lactalis, a dû dévoiler ses comptes. Le roi du fromage dégage une marge opérationnelle d'environ 6 % et son endettement élevé a atteint les 3,6 milliards d'euros.Lactalis s'est résolue à son tour à en dire plus sur son état financier. A l'occasion de son OPA hostile sur son rival italien Parmalat, le plus secret des groupes français a publié un document où il livre enfin des chiffres. Certains rêvaient d'être au même niveau que le roi français du fromage. Grâce à ses marques vedettes comme Président. Le groupe gagne certes de l'argent, mais ce n'est rien d'extraordinaire. En 2010, le bénéfice net a progressé de 9 %, à 308 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires de 10,4 milliards d'euros soit plus de 11%. Une marge meilleure et nette de 3 %, mais inférieure aux scores de Parmalat (6,5 %) ou Danone (11 %). Lourd endettement Depuis des années, le groupe entièrement contrôlé par la famille Besnier a donné la priorité à la croissance en se basant sur les acquisitions. Avec un endettement élevé : 3,6 milliards d'euros au 31 mars, compte tenu de l'achat de 29 % de Parmalat. Le groupe se rapproche ainsi des limites que lui ont fixées ses banques, notamment en termes de poids de l'endettement par rapport aux fonds propres et au résultat d'exploitation. La victoire qui se dessine dans l'affaire Parmalat ne devrait cependant pas alourdir excessivement le bilan de Lactalis, dans la mesure où le producteur de lait et de yaourts italien est rentable et jouit de 1,4 milliard d'euros de trésorerie. La famille Besnier a étudié 3 hypothèses. En obtenant 55 % du capital de sa cible au terme de l'OPA, elle ne devrait emprunter que 1,4 milliard d'euros supplémentaire, si bien que le nouvel ensemble afficherait un endettement net représentant seulement 2,6 fois l'excédent brut d'exploitation. Si elle décrochait 67 % du capital, son besoin en financement représenterait 2 milliards d'euros et le multiple d'endettement approcherait de 3. Et dans l'hypothèse où tous les actionnaires souscriraient à l'OPA, ce ratio s'élèverait à 4,1; la somme à emprunter s'élevant alors à 3,5 milliards d'euros. Toutefois, Lactalis revendrait ensuite des titres sur le marché afin de maintenir Parmalat coté en Bourse. Selon nos informations, un flottant équivalent à 45% du capital lui conviendrait tout à fait. Quoi qu'il arrive, l'entreprise mayennaise entend restructurer l'ensemble de ses dettes après la prise de contrôle de Parmalat et compte faire face au remboursement en y affectant " entre 30 et 50 % " de ses cash-flows. A la fin du document de référence, on découvre enfin que c'est dès l'automne 2008 que Lactalis a commencé à ramasser des titres Parmalat. L'action oscillait à l'époque entre 1,2 et 1,5 euro. Les achats ont été interrompus l'année suivante et ont repris en 2010 au prix d'environ 1,8 euro, avant le début de la grande offensive, en février dernier, autour de 2,2 euros l'action. Autre secret L'organisation interne de Lactalis. Ce groupe de 38 060 salariés, l'un des leaders mondiaux des produits laitiers, reste uniquement aux mains de la famille fondatrice, sans aucun apport extérieur. La structure centrale, BSA, est contrôlée à 51% par le président de Lactalis, Emmanuel Besnier, quarante ans. Son frère et sa soeur, Jean-Michel et Marie, ne sont que minoritaires. Pour rappel, le Français Lactalis avait lancé une offre d'achat sur l'Italien Parmalat. Lactalis est un Groupe familial laitier basé à Laval, en Mayenne, dans l'Ouest laitier français, et présent dans 148 pays.