Moins d'un mois après avoir acquis 29% du capital de Parmalat, le groupe laitier français Lactalis a annoncé, hier, le lancement d'une offre d'achat offensive, défavorable à son concurrent italien, qui est le premier groupe mondial du secteur laitier, pour acquérir la totalité de la firme transalpine.Lactalis a souligné qu'il veut totalement " respecter le caractère italien de Parmalat ", mais d'après les observateurs, l'heure est pour le moins mal choisie. Hier matin, s' est ouvert un Sommet franco-italien sur la gestion du flux migratoire tunisien et que l'entrée de Lactalis au capital de Parmalat, fleuron de l'agroalimentaire italien, rescapé d'un scandale et d'une faillite, avait suscité de nombreuses agitations politiques de l'autre côté des Alpes. Lactalis a proposé 2,60 euros par action Parmalat, ce qui porte l'opération à près de 3,4 milliards d'euros. Lactalis a précisé que ce prix, représente une prime de 21,3% par rapport au cours de Bourse de Parmalat des 12 derniers mois. Une hausse du titre de plus de 10 % A la Bourse de Milan, les réactions à l'offre de Lactalis étaient très positives : l'action Parmalat, qui était suspendue dans l'attente du communiqué, gagnait ce matin 11,25% à 2,572 euros, s'ajustant quasiment au prix proposé. Jeudi, Parmalat avait terminé la séance à 2,3 euros à la Bourse de Milan. Le groupe français a expliqué sa décision par le "changement du cadre réglementaire", le gouvernement Berlusconi ayant pris en urgence un décret-loi afin de tenter de l'empêcher de prendre le contrôle de Parmalat. La mesure a notamment permis de reporter l'assemblée générale annuelle de Parmalat. L'objectif est de se protéger des avidités de Lactalis vis-à-vis de Parmalat en montrant un rassemblement composé d'actionnaires italiens avec les banques Intesa Sanpaolo, UniCredit et Mediobanca . Contre-offre attendue des Italiens. Les Italiens n'ont toutefois pas dit leur dernier mot. Dans une interview aux Echos, le journal économique français d'hier, le président de la CDP, Franco Bassanini, a défendu la position italienne. "Parmalat joue un rôle de premier plan dans notre secteur agroalimentaire et certains suspectent Lactalis de vouloir uniquement mettre la main sur sa trésorerie, affirme-t-il. Il est normal que le gouvernement, à travers la CDP, recherche une solution italienne". Et de rappeler un précédent: "On reproche aux Italiens de vouloir protéger Parmalat, mais lorsque le groupe énergétique italien Enel a voulu racheter Suez, les Français ont su tout bloquer à l'époque", en février 2006, rappelle-t-il. Numéro 1 mondial Les deux sociétés associées réaliseraient un chiffre d'affaires proforma d'environ 14 milliards d'euros, ce qui positionnerait le nouvel ensemble comme le leader mondial des produits laitiers. Lactalis, dit vouloir conserver la cotation en Bourse du groupe de Parme et s'engage en conséquence à restaurer, si nécessaire, le flottant minimum permettant une cotation régulière des actions de Parmalat. Le président de Lactalis, Emmanuel Besnier, a précisé dans un communiqué " Nous avons un projet de croissance ambitieux pour Parmalat, pour en faire un groupe italien de référence dans le lait de consommation au niveau mondial tout en ayant son siège, son organisation et sa direction en Italie ". D'ailleurs, dans le cadre de son projet, le groupe français n'exclut pas de transférer " dans Parmalat ses propres activités dans le secteur du lait de consommation notamment en France et en Espagne ", où il a passé la vitesse supérieure en rachetant récemment Puleva.