L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a relevé de 1,6 million de barils par jour (mbj) à 91,1 mbj sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2012, contre une hausse de 1,5 mbj prévue le mois dernier, annonce-t-elle dans son rapport mensuel publié mercredi dernier. En revanche, sa prévision de croissance de la demande mondiale pour 2011 a été un peu revue à la baisse, à +1,4%, en raison du ralentissement de la croissance mondiale et du prix encore élevés. Alors qu'elle avait encore relevé sa prévision le mois dernier, l'AIE, qui représente les intérêts des pays industrialisés, estime désormais que la consommation en 2011 devrait augmenter de 1,2 mbj à 89,5 mbj. L'AIE explique qu'en dépit des incertitudes économiques, le Japon devrait consommer davantage d'or noir en raison de l'arrêt de ses centrales nucléaires. Les arrêts de réacteurs nucléaires au Japon vont être compensés, en 2011 et 2012, par une utilisation plus importante de pétrole pour générer de l'électricité, soit environ 250 000 barils par jour de plus qu'en temps normal, détaille l'agence. La catastrophe nucléaire de Fukushima aurait-elle ainsi des avantages cachés pour les marchés pétroliers ? Qui sait ... car s'agissant de 2011, l'agence a quelque peu revu à la baisse la demande mondiale, comptant sur une légère hausse de +1,4%. Raisons invoquées : le ralentissement de la croissance mondiale et le maintien de prix élevés. Le 13 mars dernier, alors que le séisme et le tsunami venaient d'endeuiller la péninsule japonaise, un impact baissier sur le prix du baril avait pu être observé, les investisseurs redoutant alors que le contexte n'engendre une baisse notable de la demande. Le prix du baril avait affiché un net repli à New-York, les marchés réagissant à leur manière au violent séisme qui a frappé le Japon, ce dernier constituant un important consommateur de brut. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril a ainsi achevé la journée à 101,16 dollars, affichant ainsi une baisse de 1,54 dollar par rapport à jeudi. En séance, le baril est même tombé sous la barre de 100 dollars avant de limiter ses pertes. Se basant sur les premières constatations, les analystes considéraient, dès vendredi que les conséquences de la catastrophe pouvaient être aussi dévastatrices pour le pays que pour son économie. Or, le Japon est le troisième consommateur de pétrole au monde après les Etats-Unis et la Chine, important la quasi-totalité des matières premières qu'il consomme. Si l'on en croit les données de l'agence américaine de l'Energie (EIA), le Japon est le deuxième importateur net de pétrole au monde, sa consommation moyenne s'élevant à 4,4 millions de barils par jour. Avant que l'ampleur de la catastrophe de Fukushima n'apparaisse aux yeux de la planète entière, les investisseurs s'interrogeaient d'ores et déjà sur l'impact d'une telle situation sur la demande d'hydrocarbures, la fermeture de centrales pouvant conduire le pays à s'orienter vers d'autres sources d'énergie. Toutefois si le PIB mondial devait progresser de moins que les 4% prévus pour 2011/2012, cela "diminuerait la demande mondiale de 300 000 barils par jour en 2011 et de 1,3 mbj en 2012", indique la même agence, reconnaissant que son scénario de croissance actuel "peut sembler optimiste vu le climat du moment". La crainte d'une croissance ralentie, aux Etats-Unis et dans le monde, qui pèserait sur la demande en or noir, a récemment fait chuter les cours du pétrole. L'offre mondiale de pétrole a de son côté progressé en juillet de 100 000 barils par jour à 30,05 mbj.