Les choses se précisent, alors que les plus grandes inquiétudes pesaient sur l'état financier de la compagnie Royal Air Maroc, la société a annoncé, vendredi soir, qu'elle allait mettre en place un plan social prévoyant le départ de 1 560 salariés pour la période 2011-2013. En vue de redresser, voire de développer la compagnie, il sera " offert " à tous les agents âgés de 45 ans et plus la possibilité de renforcer l'accès à une retraite convenable. La direction de la RAM a tenu à assurer qu'aucun acquis du personnel demeurant à Royal Air Maroc ne sera affecté, précisant par ailleurs que le plan social avait été négocié avec les syndicats. " La direction de la RAM et l'ensemble des délégués syndicaux sont parvenus à un accord sur le plan de rationalisation de la compagnie et son volet social ", précise ainsi un communiqué. Selon la compagnie, les syndicats ont exprimé l'engagement du personnel à se mobiliser pour permettre à Royal Air Maroc de se redresser et invité son conseil d'administration à prendre les mesures qui sont de son ressort afin d'accompagner le retour de la compagnie à ses équilibres financiers. Le P-DG de la RAM, Driss Benhima, a en outre affirmé que la société allait mobiliser ses propres ressources notamment ses actifs hôteliers et immobiliers afin de pouvoir garantir au personnel les montants qui lui seront accordés dans le cadre du plan social. Driss Benhima a estimé que si la compagnie ne mettait pas en œuvre les mesures de restructuration internes sur lesquelles le conseil d'administration s'est engagé, aucun soutien durable de l'Etat ne pourrait être sollicité ni même envisagé. Récemment, la société a dû se résoudre à annuler les inscriptions à son école de formation des pilotes pour l'année 2011-2012. Une mesure qualifiée " d'inévitable " par le directeur de l'école, Mohamed Kellal. Arguments alors invoqués : la mise en place du plan de rationalisation interne de la compagnie, la RAM prévoyant par ailleurs une réduction du nombre de ses appareils à partir de 2012. Rappelons que Royal Air Maroc met actuellement en place un véritable plan de sauvetage, demandant par ailleurs le soutien de l'Etat actionnaire. A la mi-juillet son P-DG avait adressé un message particulièrement alarmiste aux pouvoirs publics. "Soit la compagnie se réajuste, et l'Etat l'aide pour cela et dans dix ans le Maroc pourrait avoir la première compagnie africaine, soit elle est laissée dans la situation actuelle et dans ce cas, l'issue fatale et inéluctable est bien plus proche qu'on ne le pense " avait-il averti. Il avait toutefois souligné que si la compagnie était mise dans " environnement administratif, fiscal et aéroportuaire aux meilleurs standards pour pouvoir affronter à armes égales la concurrence, la RAM a(vait) toutes les chances de s'en sortir ". Si le printemps arabe, l'attentat de l'Argana, la flambée du prix du kérosène n'ont certes pas aidé les finances de l'entreprise, la compagnie a également été lourdement impactée par l'ouverture à la concurrence du ciel marocain et l'arrivée sur le marché des compagnies low-cost. Driss Benhima estime pour sa part que les " fondamentaux " de la RAM ne sont plus adaptés à l'évolution du marché et que " la grande réussite de la politique d'ouverture du ciel marocain " a annihilé les efforts de réduction des coûts réalisés par la compagnie. " Il y a un vrai problème de fond : la taille et les fondamentaux de la compagnie, la nature du réseau, la nature de la flotte et la masse salariale ne sont plus adaptés au marché tel qu'il a évolué. Nos coûts de production, même s'ils ont baissé de 19% en huit ans, grâce aux efforts de tout le personnel, ont été rattrapés par la chute des tarifs qui a été de 26% dans la même période, du fait de la grande réussite de la politique d'ouverture du ciel marocain ". Selon Maghreb Confidentiel, la RAM - qui perd actuellement la bagatelle de 2 millions d'euros par semaine - envisagerait de recourir à une privatisation. L'Etat pourrait tout d'abord procéder à une recapitalisation par l'intermédiaire de la Caisse de dépôt et de gestion et d'une banque marocaine. 20 à 30 % du capital de la compagnie aérienne pourrait faire leur entrée en bourse. Selon le journal marocain, le groupe Air France-KLM pourrait en acquérir jusqu'à 40 %, des pourparlers en ce sens auraient vu le jour lors du dernier salon du Bourget,l'information étant toutefois démentie. D'autres compagnies auraient été approchées, telles que Lufthansa, British Airways et Emirates.