La tablette Playbook s'adresse à la fois aux particuliers et aux professionnels, sans convaincre. BlackBerry a perdu des parts de marché depuis l'ouverture au grand public. Le Playbook a du plomb dans l'aile. La tablette de Research In Motion (RIM) ne décolle pas. Jusqu'à la fin mai, il s'en est vendu 500 000 exemplaires, puis seulement 200 000 au cours du trimestre suivant. Dans le même temps, Apple vendait plus de 9 millions d'iPad dans le monde. Déjà, la chaîne de distribution spécialisée Bestbuy offre 200 euros de rabais sur les Playbook aux Etats-Unis. Et, avec la sortie du Kindle Fire d'Amazon à 199 dollars, les soucis de RIM ne font sans doute que commencer. Alors que l'action RIM a perdu près de 60 % depuis le début de l'année, les rumeurs vont bon train. Le bruit court que l'investisseur activiste Carl Icahn serait entré au capital. Un analyste financier a même déclaré la semaine dernière que le fabricant du BlackBerry avait arrêté la production du Playbook, et abandonné son projet de créer une gamme de tablettes ! Ces propos ont été démentis. Le Playbook souffre de l'ambiguïté de son statut : d'abord présenté comme un simple " compagnon " du smartphone BlackBerry dans l'entreprise, le marché d'origine de RIM, il a ensuite été vendu comme un terminal mixte, s'adressant aussi au grand public. Un compromis qui a désorienté les professionnels, sans pour autant convaincre les particuliers : pour 600 euros, ils préfèrent un iPad à un Playbook. Cette dualité est à l'image de la société, dirigée par deux co- P-DG. Si Mike Lazaridis est le héraut des entreprises, Jim Balsillie a été l'artisan de l'ouverture au grand public, à partir de 2006. Les BlackBerry ont progressivement été dotés d'appareils photos, d'écrans tactiles, d'applications téléchargeables, et surtout d'un système d'exploitation tout neuf, plus ouvert à Internet. Résultat, alors que 8 acheteurs sur 10 étaient des professionnels, ce sont désormais les particuliers qui dominent. Le marché de RIM s'est donc élargi, mais notamment concurrencé par l'iPhone, il a perdu auprès des entreprises le monopole que lui garantissait la technologie qui " pousse " les e-mails sur l'écran du mobile. Au final, la part de marché mondiale de RIM dans les " smartphones " est passée de 19 % à 12 % au deuxième trimestre. La pente est raide.