RIM, la société Canadienne conceptrice du célèbre BlackBerry et de son OS va mal, et pas uniquement son cours de bourse. Les annonces de ces derniers mois, dont celle des résultats annuels décevants à la fois sur le plan financier que sur les volumes de ventes, ont confirmé cette réalité reçue en interne comme un électrochoc. Des salariés ont même écrit à leurs deux co-dirigeants pour qu'ils quittent leur tour d'ivoire de leader de la téléphonie d'entreprise et ouvrent les yeux sur des méthodes internes plus en phase avec une nouvelle réalité imposée par le marché, un océan bleu créé par Apple et dans lequel tout le monde veut aller: iPhone / iPad, applications et tactile. Green SI a profité d'un séjour au pays du sirop d'érable pour observer les réactions aux diverses annonces de RIM. Car ici, le sujet RIM déborde largement de la presse spécialisée informatique et s'étale dans les quotidiens; surtout quand on parle de réduire les effectifs de 11% (2000 postes) et qu'on sait que RIM est le premier budget de R&D du Canada avec 1,1 milliards, de dollars canadiens et 495 brevets en 2010. C'est peut-être aussi le moment de revoir la dépendance des entreprises par rapport au BlackBerry et l'impact d'un éventuel scénario "catastrophe" que serait la chute de RIM ou sa reprise par un autre acteur. Mais revenons au contexte dans lequel RIM opère. Fin 2011, il se vendra plus de smartphones que de mobiles classiques. La tendance de l'Internet mobile engagée dès les années 2000 avec le WAP, puis le GPRS et enfin la 3G (voir la 4G dans certains pays) a atteint tout son potentiel. Et c'est dans ce contexte que RIM trébuche dans ses ventes (13 millions), malmené par Apple sur le front des terminaux (20 millions d'iPhone, 9 millions d'iPad) et Apple + Androïd sur le front de l'OS. Et alors? diriez-vous puisque RIM est sur le marché de l'entreprise et Apple, Androïd sur celui des particuliers. Donc au contraire, RIM a les coudées franches pour continuer d'inonder les entreprises via les divisions entreprises des opérateurs de télécoms. Et bien RIM avait réussi ce tour de force d'être présent sur le marché grand public et notamment des jeunes, grâce à son clavier si pratique pour envoyer des SMS, et sur celui historique de l'entreprise séduite par le push mail. Si le réacteur grand public explose c'est le modèle économique complet qui est déséquilibré. Financièrement d'abord mais aussi parce que l'innovation est de plus en plus tirée par le grand public et ses besoins. Plus par ceux de l'entreprise. Les opérateurs cherchent des produits a forte marge générant un maximum de trafic réseau. Leur fidélité au terminal n'est pas assurée. Ils sont prêt à se battre pour avoir le terminal demandé par le public (comme avec le lancement de l'iPhone et l'exclusivité attaquée en justice) mais n'auront pas de scrupules à réduire leur offre si une marque prend du retard. Or en ce moment, même les grandes entreprises demandent de pouvoir ajouter "à petites doses" des iPhone et des iPad pour pouvoir tester... et surtout pour équiper certains VIP. La bascule d'une partie du parc pourrait donc se concrétiser plus rapidement que prévu. Une épée de Damocles dont RIM n'avait pas besoin en ce moment. Début Août RIM a réagi en restructurant la société (-11%) pour se préparer à la poursuite de la chute des ventes, en annonçant le retrait de certains pays pour resserrer les rangs avec les distributeurs fidèles à la marque, et en annonçant le lancement de nouveaux modèles avec le BlackBerry 7 OS. Au menu, plus de finesse avec le Bold 9900 et la promesse d'une meilleure fluidité grâce à un écran tactile et un clavier. Deux nouveaux Torsh. Le distributeur canadien Rogers a confirmé leur disponibilité dans ses offres. Les distributeurs qui suivront nous donnerons une indication sur les "fidèles" à RIM car tous ne suivront pas si les perspectives de vente ne sont pas bonnes. Et si Apple semble inatteignable, le nom de l'OS de RIM est peut être révélateur de la future menace de RIM : Microsoft avec Windows Phone7. Car ne doutons pas que cet autre géant aux pieds d'argile quand on parle de téléphonie, est en train de préparer la suite, peut-être avec son accord Nokia... aussi en difficulté! De son côté Androïd explose comme OS aux Etats Unis et donc la capacité de RIM à imposer le sien au grand public va aller en décroissant. Car derrière l'OS se cachent les applications que les gens cherchent et la communauté de développeurs pour les fabriquer. Et là, RIM qui aime bien faire seul, n'arrivera pas à rattraper Androïd sans mobiliser une plus grande communauté. Donc en l'état actuel des annonces, 3 nouveaux téléphones permettront peut-être de reprendre la barre et de se fixer un nouveau cap, mais Green SI a du mal à voir comment le navire amiral RIM va sortir de la tempête. Côté entreprise le portage d'application sur BlackBerry OS n'est pas une mince affaire à cause du nombre de versions de l'OS sous lesquelles il faut les tester. Puis à chaque évolution des impacts et de nouvelles campagnes. Cette politique demande une certaine confiance dans la pérennité des équipements, fragilisée par le contexte actuel. L'hégémonie de RIM comme smartphones d'entreprise est en train de s'effondrer à un moment où l'entreprise se cherche sur la future stratégie mobile et poste de travail "post-tablettes". A ce stade pas de panique, mais les DSI devraient regarder les dates d'échéances de leurs contrats opérateurs pour éviter de se retrouver bloqués avec des équipements très vite dépassés qui ne seraient plus renouvelés et faire le point sur la dépendance de leur applications par rapport aux terminaux BlackBerry. Et pour finir, ne ratez pas la rétrospective des BlackBerry cela rappellera des souvenirs aux plus anciens et montre le chemin parcouru avant qu'Apple ne vienne tout chambouler.