Carrefour est sur le point de racheter la chaîne argentine de magasins discount Eki, selon une source proche de la filiale locale du distributeur français. Le deuxième distributeur mondial derrière l'américain Wall Mart investirait 300 millions de pesos argentins (soit quelque 52 millions d'euros) pour reprendre la chaîne en cessation en paiement depuis la fin 2011, et qui compte 130 magasins à Buenos Aires ainsi que dans la Province de Santa Fe. Le patron de Carrefour Argentine, Daniel Fernández, a été reçu vendredi 4 mai par le ministre du Travail et les discussions ont principalement porté sur la préservation des 2 300 emplois d'Eki, selon un communiqué publié en fin de semaine dernière par le ministère argentin du Travail. Le distributeur français se serait engagé à payer rétroactivement les salaires des employés, a ajouté la même source. A Paris, le groupe se refusait à tout commentaire. Carrefour, qui bataille sur ses marchés matures et dont les parts de marché ont encore fortement reculé dans l'Hexagone, pourrait grâce à cette acquisition étendre son empreinte dans un marché à très forte croissance. Le français compte 200 magasins de différents formats en Argentine et ses ventes y ont grimpé de 20% l'an dernier, à 3,0 milliards d'euros. En 2011, seule l'Amérique latine - le Brésil en tête - a constitué un véritable relais de croissance pour le groupe qui a vu ses ventes reculer en Chine. Les marchés attendent maintenant la feuille de route de Georges Plassat, futur P-DG (il ne sera officiellement nommé qu'en juin) arrivé début avril. La remise à plat des méthodes de gestion, la place du non alimentaire, l'avenir des grands hypermarchés dans les pays matures, le positionnement prix et la stratégie à l'international (dans un marché qui bruisse de rumeurs sur de possibles cessions d'actifs jugés non stratégiques) sont autant de chantiers qui témoignent de l'ampleur de la tâche à accomplir pour remettre le groupe sur les rails. Alors que ses performances se sont encore détériorées en France et en Europe du Sud au premier trimestre, Carrefour s'apprête, de l'avis des analystes, à affronter un nouvel exercice difficile en 2012, sur fond de dégradation du climat économique en Europe et de baisse de la consommation de produits non alimentaires. Certains comme ceux d'Oddo Securities estiment que les investisseurs devront s'armer de patience car le redressement pourrait prendre trois à quatre ans. En France, les syndicats du groupe craignent que la restructuration ne passe par des milliers de suppressions d'emplois. En Bourse, le titre qui accuse une chute de 18% en l'espace d'un mois, abandonne 2,4%, avant-hier, et se traite à 13,95 euros, son bas niveau depuis juillet 1994.