La Commission européenne a critiqué le gouvernement allemand, qui veut écarter l'opérateur de réseaux électriques Tennet de chantiers éoliens en pleine mer, en raison d'investissements jugés insuffisants par Berlin, écrivait le Frankfurter Allgemeine Zeitung hier. Sanctionner Tennet pour ces raisons n'est pas justifiable au regard des directives sur l'énergie, selon un document de la Commission que le FAZ s'est procuré. Berlin reproche a Tennet de ne pas investir suffisamment dans le raccordement de parcs éoliens situés en haute mer, et de mettre ainsi en danger la grande ambition allemande d'abandon de l'énergie nucléaire d'ici 2022. La Commission contredit le gouvernement allemand sur ce point, parlant au contraire d'investissements significatifs de Tennet. Bruxelles ordonne à l'autorité allemande en charge de la gestion des réseaux électriques, qui avait menacé à Tennet de lui retirer sa licence d'opérateur, de réétudier le dossier. Elle dispose de deux mois pour donner sa réponse. Tennet s'était défend en rétorquant que c'était le gouvernement allemand qui était à l'origine du blocage. Le gouvernement (allemand) a une conception absurde de notre rôle, avait déclaré le patron du néerlandais Tennet, Lex Hartman, fin août au site internet de Der Spiegel. On décide de construire des parcs éoliens de plus en plus gigantesques au large des côtes. Et après une entreprise doit à elle seule financer toutes les infrastructures requises, avait-il expliqué. Nous avons déjà investi 6 milliards d'euros depuis deux ans et demi. A présent nous devrions injecter encore 15 milliards d'euros d'ici 2020. C'est plus que ce que EON ou RWE (les deux premiers groupes énergétiques allemands) investissent dans le tournant énergétique, avait plaidé M. Hartman. L'Allemagne veut atteindre par les éoliennes en mer une capacité de 10 000 mégawatts en 2020, contre seulement quelques centaines actuellement. Leur développement connaît toutefois de nombreux couacs, en raison de difficultés techniques, d'impasses de financement et d'incertitudes réglementaires.