Les taux d'emprunt à 10 ans se sont tendus en fin de semaine sur le marché obligataire en zone euro, marquant une pause au lendemain d'une baisse du taux de la BCE, à l'exception de celui de l'Espagne, passé sous 4% pour la première fois depuis octobre 2010. Peu avant la clôture, le taux espagnol, qui évolue en sens inverse de la demande, a reculé à 4,039%, après avoir touché en début de matinée 3,943%, un plus bas depuis mai 2010. Il était de 4,041% jeudi à la clôture sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. De son côté, le taux de l'Italie s'est tendu à 3,822% (contre 3,763%). Des chiffres de l'emploi meilleurs que prévu dans l'après-midi aux Etats-Unis pour avril ont en outre encouragé les investisseurs à prendre plus de risques et à se tourner vers les marchés boursiers, au détriment des obligations. Le marché avait été soutenu depuis la veille et une bonne partie de la séance de vendredi par "la baisse du taux de la BCE (Banque centrale européenne) et les commentaires accommodants (de son président Mario) Draghi", soulignent les économistes chez Crédit Agricole CIB. La BCE a tenu jeudi un discours volontariste et a abaissé son taux directeur d'un quart de point à 0,50%, un plus bas historique, afin notamment de soutenir l'activité économique tout en laissant la porte ouverte à une nouvelle baisse si la conjoncture le nécessite. "La politique de la BCE commence à porter ses fruits même s'il faudra aller beaucoup plus loin pour avoir des taux d'emprunt compétitifs et pas pénalisants pour la croissance dans les pays périphériques", souligne Nordine Naam, stratégiste chez Natixis. Un des membres du conseil des gouverneurs de la BCE, Ewald Nowotny, a toutefois déclaré vendredi que la BCE ne réfléchissait pas pour l'instant à des taux d'intérêt négatifs. La BCE a pour l'heure laissé inchangé le taux de dépôt au jour le jour, à 0%. S'il devenait négatif, cela reviendrait à faire payer les banques de la zone euro pour placer leurs liquidités auprès de la BCE. Par ailleurs, la Commission européenne a décidé de desserrer la bride de l'austérité à certains pays de la zone euro, dont la France, en accordant vendredi des délais pour ramener les déficits publics dans les clous, après avoir dressé un tableau très sombre de l'économie européenne. La zone euro connaîtra cette année une récession plus importante que prévu, avec un Produit intérieur brut se repliant de 0,4% et un chômage au-dessus de 12%, selon les prévisions de Bruxelles. "La Commission européenne se montre plus souple sur les déficits. Cela confirme que le discours a changé au sein de la zone euro, ce que l'on a vu avec l'arrivée du nouveau chef du gouvernement italien", pour M. Naam, qui ajoute que "c'est positif pour la dette des pays périphériques". De leur côté, les pays considérés comme les plus solides ont souffert. Le taux de l'Allemagne a progressé à 1,240% (contre 1,165%), tout comme celui de la France à 1,822% (contre 1,662%) après avoir atteint un plus bas historique la veille. Hors zone euro, le taux britannique à 10 ans a progressé à 1,725% contre 1,623% jeudi. Aux Etats-Unis, le taux à 10 ans montait à 1,725% contre 1,626% jeudi, tout comme celui à 30 ans à 2,935% contre 2,821% la veille. Le taux à 3 mois progressait à 0,05%, contre 0,04%. Sur le marché interbancaire, l'Euribor a reculé à 0,201%, contre 0,207% jeudi, tandis que le Libor a progressé à 0,275%, contre 0,273% la veille.