Le 8ème Festival national du théâtre professionnel (FNTP), tenu à Alger du 24 mai au 2 juin, aura été marqué par le niveau hétérogène des prestations et l'émergence de jeunes comédiens au talent prometteur qui ont brillé par leurs capacités à porter un texte dramatique sur les planches. La scène du Théâtre national algérien a vibré pendant une dizaine de jours au rythme de vingt-cinq représentations dont dix-sept en compétition présentant une disparité dans les degrés de conception qui a suscité une appréciation en dents de scie d'un public constitué dans sa majorité de professionnels du théâtre. "Le FNTP représente actuellement une référence dans le monde arabe", a tenu à rappeler Omar Fetmouche, directeur du Théâtre régional de Béjaïa, ajoutant que "malgré le niveau hétérogène des prestations, le théâtre algérien avance sereinement et permet, à chacune de ses éditions, l'émergence de jeunes talents, fruit du travail en profondeur accompli par les théâtres régionaux dont le nombre s'accroît d'année en année". De son côté, Ghouti Azri, directeur du Théâtre régional d'Oran, relève le caractère singulier de cette édition qui a orienté les participants vers "une créativité en rapport avec une thématique unique, limitant l'imaginaire et la vision conceptuelle". Saïd Nasr Selim, professeur égyptien de diction, fortement séduit par la mise en scène d'Ahmed Benaïssa dans "Nedjma", a néanmoins trouvé les spectacles "très superficiels, dans un festival assez quantitatif et peu qualitatif" alors que le Koweïtien Nader El Qunnah, critique et docteur dans les arts de la scène, souligne la continuité du festival "malgré le contexte peu favorable dicté par l'influence de toutes les mutations sociales actuelles dans la région". Benbrahim Fethennour, chef du département de la communication au TNA a, quant à lui, fait part de sa satisfaction, rappelant la volonté de M'hamed Benguettaf, directeur de la même institution, à "offrir l'opportunité aux jeunes de s'exprimer". Le Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, dirigé d'une main de maître par Ahcen Assous, a organisé au préalable, une présélection dans un festival local fixant un seuil d'entrée en lice au 8ème Fntp et respectant les normes de participation à la dimension d'une compétition nationale. Placé sous le signe du cinquantenaire de l'indépendance, le festival a été inauguré par la pièce "El Aahd", un montage poétique autour de la lutte de libération mis en scène par Ahmed Khoudi. Wahiba Baali, jeune comédienne de Tamanrasset révélée par Ahmed Benaïssa, a séduit le public dans "Nedjma", production du TNA, par une interprétation remarquable, qui lui a valu le Prix du meilleur second rôle féminin, augurant ainsi une brillante carrière et un avenir radieux. "Oumsiya fi Baris" (Une soirée à Paris), du théâtre d'Oum El Bouaghi, mise en scène par Ahcène Boubrioua, relate les évènements du 17 Octobre 1961 et les crimes perpétrés contre les Algériens dans l'impunité totale. "Nedjma", mise en scène par Ahmed Benaïssa, a marqué la participation du TNA par une restitution fidèle de la pensée fragmentée de Kateb Yacine évoquant l'existence de l'Algérie à travers les méandres de l'Histoire. Outre le Prix du jury, une dizaine de distinctions ont été prévues par les organisateurs du 8ème FNTP dans les catégories : spectacle, mise en scène, texte, interprétation masculine, interprétation féminine, scénographie, musique, rôle masculin prometteur et rôle féminin prometteur. A travers les spectacles en compétition, le 4ème art a contribué à sa manière à l'écriture de l'histoire de la révolution algérienne, thème principal des spectacles présentés.