Le Grand prix du 8e Festival national du théâtre professionnel, qui s'est tenu du 24 mai au 2 juin 2013, est revenu à la pièce Dhikra min Alsace (Souvenir d'Alsace) du Théâtre régional de Mascara. Les jeunes de l'association Besma de Hammam Bouhadjar (Aïn Témouchent) et de la Coopérative Kateb Yacine de Sidi Bel Abbès confirment tout le bien qu'on pense d'eux et de leur travail. Le jury du 8e Festival national du théâtre professionnel (FNTP), qui s'est achevé dimanche soir au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) à Alger, a attribué son Prix spécial à la pièce Matabaka min al-waqt (Le temps restant) produite justement par Besma et la Coopérative Kateb Yacine. Un prix mérité. Une pièce nominée aussi pour le Grand prix. «Je suis très heureux de cette distinction. Nous avons affronté beaucoup de difficultés pour monter cette pièce. Nous faisions des répétitions dans une cave à Hammam Bouhadjar de 8h à 22h. Chaque jour pour arriver à ce festival. Nous allons continuer à travailler pour faire mieux. Nous reviendrons dans deux à trois ans avec une autre pièce», nous a confié, ému, le jeune metteur en scène de la pièce, Abdelilah Merbouh. Le Prix de la meilleure interprétation masculine est revenu au comédien Bouhadjar Boudechiche, qui s'est illustré dans la pièce Ma tabaka min al waqt. «C'est la réussite de toute une troupe. Sans budget, sans rien du tout, nous avons pu travailler. Nous avons encore des dettes. Je ne me plains pas. L'artiste professionnel se reconnaît par la scène, pas par l'argent. Nous attendons de nos aînés qu'ils nous donnent des leçons. Ce n'est pas à nous de le faire. Je dis et je répète, on peut faire de l'art et de la création avec zéro dinar. Cela ne veut pas dire que les artistes doivent vivre dans le dénuement et le besoin», a souligné M. Boudechiche. D'après lui, les jeunes comédiens peuvent faire plus et mieux. «Ouvrez-nous les portes ! Aidez-nous à faire circuler notre production. Nous souhaitons que la ville de Hammam Bouhadjar, où existe une culture théâtrale, soit dotée d'un théâtre régional», a-t-il appuyé. Continuer sur cette route Mise en scène par Mohamed Frimehdi, la pièce Dhikra min Alsace (Souvenir d'Alsace) du Théâtre régional de Mascara a obtenu le Grand du prix du 8e FNTP. «Ce spectacle est complet, tant sur le plan dramatique et artistique qu'esthétique. Les deux pièces nominées sont contemporaines avec une vision de mise en scène particulière. Une vision qui a attiré l'attention de tous les membres du jury», a estimé l'universitaire Djamila Zegaï, présidente du Jury. «Ce prix me charge déjà d'une grande responsabilité pour les pièces à monter dans le futur», a confié, pour sa part, Mohamed Frimhidi. Le Prix de la mise en scène a été attribué à Ahmed Benaïssa pour la pièce Nedjma (d'après l'œuvre de Kateb Yacine), produite par le TNA. «J'espère que le prix n'a pas été accordé à l'unanimité. Je n'aime pas cela, sinon on se croit arrivé. La pièce Nedjma a été montée sous forme d'atelier de formation. Je souhaite continuer sur cette route. Les jeunes qui ont travaillé avec moi ont été extraordinaires», a déclaré, pour sa part, M. Benaïssa. Le Jury de Djamila Zegaï a décidé de récompenser Yahia Benamar pour la meilleure scénographie pour la pièce Oumsiya fi baris (Une soirée à Paris) du Théâtre régional d'Oum El Bouaghi. «C'est peut-être une petite reconnaissance. Merci pour le théâtre d'Oum El Bouaghi de m'avoir fait confiance. Merci aussi aux habitants d'Aïn Beïda, où nous avons passé beaucoup de temps», a relevé Yahia Benamar. Le comédien Mohamed Tahar Zaoui, qui a joué dans la même pièce, a été consacré «Meilleur espoir» 2013. Lotfi Bensbaâ, directeur du Théâtre régional d'Oum El-Bouaghi, se dit fier d'avoir décroché deux distinctions (en 2012, Lotfi Bensbaâ a obtenu le Grand prix pour la pièce Iftiradh ma hadha faîlen — Hypothèse de ce qui est réellement arrivé). «Pour moi, c'est un résultat positif de décrocher deux prix sur les dix prévus avec une nomination pour la mise en scène. Nous sommes sur la bonne voie», a-t-il soutenu. Selon lui, le niveau des pièces présentées au 8e FNTP a été moyen. «N'empêche, certaines pièces ont laissé des traces. Il faut noter que l'élément recherché a manqué dans cette édition. Malgré cela, je note l'utilisation de la scène vide pour certaines pièces», a-t-il noté. Larini Lydia, Lynda Sellam, Bensoltan Manra, Houari Raja et H'nifi Amel, les comédiennes de la pièce Al-djamilat, mise en scène par Sonia du Théâtre régional d'Annaba, ont décroché le Prix de la meilleure interprétation féminine. La jeune Wahiba Baâli de Tamanrasset a été consacrée Meilleur espoir féminin pour son rôle de femme sauvage dans la pièce Nedjma d'Ahmed Benaïssa. «Je ne m'attendais pas du tout à ce prix. Il existe des comédiennes qui sont meilleures que moi. Peut-être que le jury a trouvé que j'étais crédible dans mon jeu ? Sur scène, j'ai montré, à travers mon habit, ma culture targuie. Je me suis exprimée en tamachaq aussi. Pour moi, c'est le début d'une carrière. Je suis vraiment fière de ramener ce prix à Tamanrasset. Au sud du pays, il y a des talents parmi les jeunes comédiens. Une véritable énergie !», a souligné Wahiba Baâli. Le Prix de la meilleure musique originale est revenu à Abdelaziz Youcef (Bazou) du Théâtre régional de Béjaïa pour la comédie musicale Casbah 1930. Hamoumi Ahmed a décroché le Prix du meilleur texte dramatique pour la pièce Yakmar wa y'ben du Théâtre régional de Souk Ahras. «Le niveau des pièces était différent. Cela est parfois lié à la fragmentation des textes, à la domination de la mise en scène sur le texte ou le contraire. Nous avons remarqué aussi l'existence de lourdeurs provoquées par des redondances. Il y a eu exagération dans l'utilisation de la technique du flash-back. Il en est de même pour les scènes de torture et de tueries. Nous n'avions pas besoin de tout cela pour rappeler le colonialisme. Il y a d'autres moyens de l'exprimer», a analysé Djamila Zegaï. Dans ses recommandations, le jury a appelé à la création d'un marché pour les pièces théâtrales, à la mise en place d'un comité de présélection pour les pièces devant participer à la compétition officielle du Festival national du théâtre professionnel, à l'élaboration de plans de communication pour attirer le public vers les salles de spectacles. La cérémonie de clôture du 8e FNTP a été animée par l'Orchestre symphonique national mené par le maestro Rachid Saouli et la chorale d' Aziz Hamelia.