C'est la consternation à Bensaïdane, dans la commune de Réghaïa. Après plusieurs sit-in de protestations, les travaux de réalisation d'une décharge publique, que seule la voie ferrée sépare du quartier, ont démarré, signe évident du rejet de leur demande de délocalisation du projet. Le décor est irréel, en face de maisons dont certaines à l'aspect cossu, un ancien terrain agricole est en train d'être aménagé pour devenir le Centre d'enfouissement technique (CET) de Réghaïa, c'est-à-dire une des quatre décharges publiques programmées par la wilaya d'Alger pour suppléer à la fermeture de celles d'El Hamiz et d'Ouled Fayet, après plus de trois années de mobilisation des habitants de ce quartier. Le quartier de Bensaïdane est en fait séparé du futur CET par la voie ferrée et une route déformée par des nids-de-poule. Selon le chef de projet, Mohamed Hamza, les travaux de cette prochaine décharge publique ont démarré depuis trois mois, Sur place, une atmosphère lugubre règne. Sur la voie ferrée, des agents de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) s'employaient à réparer des poteaux de caténaires, sous la protection de gendarmes, alors qu'en face, une grappe d'habitants oisifs suivaient sombrement la réparation de ces équipements électriques. En face de cette toile animée qu'un soleil printanier rendait vraiment ubuesque, les travaux de réalisation du CET tournaient à plein régime. Plusieurs habitants du quartier estiment que ce projet, s'il est réalisé, risquera de poser aux riverains un problème de santé publique avec les émanations toxiques qui vont être dégagées par cette décharge, et se demandent si les autorités, qui ont programmé le projet, avaient pris en considération la présence d'habitants près du CET. Leur inquiétude est d'autant plus vive que les responsables du chantier eux-mêmes ne donnent aucune garantie à ce sujet."Pour le moment, nous n'avons aucune information nous permettant de certifier qu'il n'y aura pas d'odeurs qui se dégageront du CET", affirme le chef du projet. Mise sous pression par plusieurs mois de protestations et de sit-in sur la voie ferrée des habitants, l'APC de Réghaïa a sollicité en décembre 2013 la wilaya d'Alger à travers une demande de constitution d'une commission d'enquête sur les conditions d'implantation du projet. "Pour le moment, aucune suite n'a été donnée à cette requête", déplore le président de l'APC, Fadel Abdessamad Mahmoudi. Confié en 2009 à un groupement algéro-espagnol (ETHPE/IMPULSA), le projet du CET de Réghaïa qui s'étend sur une superficie de 25 hectares, a redémarré fin décembre 2013, après plusieurs arrêts, avec comme objectif d'achever les travaux dans quatorze mois. Le centre sera principalement doté de casiers d'enfouissement des déchets équipés d'un système de protection de la nappe phréatique (géotextile), de deux hangars de tri (48.000m²), d'un bassin de stockage des lixiviats et d'une station pour leur traitement, selon la fiche technique du projet. Les travaux consistent actuellement à achever la construction de la base de vie du chantier et à réaliser une clôture en dur du CET sur une longueur de deux kilomètres. Le plan d'aménagement du CET a été approuvé le 2 mars dernier. le chef du projet a indiqué qu'ils attendaient l'approbation du plan d'exécution du projet pour procéder aux études géotechniques avant d'entamer la réalisation des hangars de tri et du casier principal (30.000 m²) qui longe la voie ferroviaire.