L'énergéticien allemand RWE, qui a annoncé dimanche passé la cession de sa filiale Dea à un fonds d'investissement contrôlé par des Russes, a informé le gouvernement allemand de la transaction mais n'attend aucune objection, a indiqué une porte-parole. Nous avons informé le gouvernement, comme c'est l'usage pour une opération de cette envergure, mais il n'y a aucune indication qu'il s'y oppose, a déclaré cette porte-parole, Annett Urbaczka. RWE a annoncé dimanche soir son intention de céder Dea, sa division d'exploration et de production de gaz et de pétrole, à un fonds basé au Luxembourg, LetterOne, émanation du groupe financier russe AlfaGroup, lui-même contrôlé par le milliardaire Mikhaïl Fridman. RWE s'attend à finaliser la vente, d'un montant de 5,1 milliards d'euros, d'ici la fin de l'année. Elle est cruciale pour l'aider à réduire sa dette de 30 milliards d'euros et lui permettre d'investir pour faire face à la transition énergétique. Sur fond de crise en Crimée, et alors que les Européens s'apprêtent à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, l'annonce de RWE était jugée croustillante par le magazine économique ManagerMagazin. Mais à part quelques commentaires de ce type qui relevaient l'ironie du moment choisi, la cession ne soulevait pas beaucoup de réactions en Allemagne. A la Bourse de Francfort, l'action RWE prenait 1,05% à 28,78 euros. Pour le moment de toute façon, tant que les deux parties ont signé une simple lettre d'intention, le gouvernement ne peut pas intervenir, a souligné lors de la conférence de presse régulière du gouvernement une porte-parole du ministère de l'Economie. Nous ne pouvons examiner quoi que ce soit que s'il y a quelque chose à examiner, a-t-elle dit, à savoir quand un contrat de vente aura été signé entre RWE et LetterOne. Il s'agit d'une décision d'entreprise, a déclaré pour sa part le porte-parole d'Angela Merkel, Steffen Seibert. Dans les mois à venir les gouvernements des 14 pays dans lesquels Dea détient des licences d'exploration pétrolière ou de gaz naturel - parmi eux l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Norvège, l'Egypte ou encore la Libye - devront se prononcer sur l'opération, puisque la licence changera de main. L'annonce de RWE vient confirmer l'intensité des liens économiques entre l'Allemagne et la Russie, surtout dans le domaine de l'énergie. Le patron d'EON, le numéro allemand de l'énergie qui emploie 10 000 personnes en Russie, a d'ailleurs mis en garde dans un entretien à l'hebdomadaire Der Spiegel de lundi contre la dégradation irresponsable des liens avec le pays et rappelé le degré d'imbrication des économies russe et allemande.