La dépendance croissante de l'Allemagne, qui doit abandonner le nucléaire d'ici à 10 ans, envers les gisements d'énergies fossiles de la Russie, sera au cœur de consultations intergouvernementales ces jours-ci.Une bonne partie des ministres de la chancelière allemande, Angela Merkel et du président russe, Dmitri Medvedev, et d'importantes délégations économiques, se retrouveront pour cette 13e rencontre annuelle à Hanovre (nord). Ces consultations ont été lancées pour approfondir les liens économiques et contribuer à la modernisation de la Russie post-soviétique. Jeudi dernier a été annoncé un rapprochement entre Gazprom, contrôlé par le Kremlin, et le numéro deux allemand de l'énergie, RWE, dans les centrales thermiques en Europe. Interrogé sur un éventuel encouragement du gouvernement envers ce type d'alliances, afin de pallier la fermeture des réacteurs nucléaires allemands, le porte-parole de la chancelière, Steffen Seibert, a rétorqué que les entreprises étaient seules responsables de leur stratégie. Il a toutefois reconnu que de nouvelles centrales, notamment à gaz, seraient nécessaires pour compenser les quelque 22% de la consommation électrique allemande que produisent les neuf réacteurs encore en activité.Selon l'hebdomadaire Die Zeit, les partenaires européens de l'Allemagne, au premier rang desquels la France et le Royaume-Uni, ainsi que les Etats-Unis, déjà sceptiques sur l'abandon du nucléaire, ne voient pas d'un bon œil ce rapprochement germano-russe. Le sommet débutera par un dîner informel entre Mme Merkel et M. Medvedev, les consultations proprement dites se déroulant durant la soirée et le matin d'après.Plus d'une dizaine d'accords de coopération économique et environnementale seront signés, de même que des contrats couvrant le spectre de la coopération germano-russe, a indiqué une source côté allemand. Avec 31,8 milliards d'euros d'exportations, la Russie est le premier partenaire économique de l'Allemagne, qui y exporte pour 26,4 milliards d'euros. Un haut responsable allemand, qui souhaite rester anonyme, a assuré que des affaires non résolues touchant aux droits de l'homme, parmi lesquelles l'assassinat de la journaliste Natalya Estemirova, seront abordées. Une intensification par Moscou des sanctions contre l'Iran, sur le modèle européen, qui va au-delà de celles adoptées par l'ONU, serait également bien accueillie par Berlin, a ajouté la même source. Les relations de Mme Merkel avec M. Medvedev sont en tout cas meilleures que celles qu'elle avait avec Vladimir Poutine.