Le Portugal, qui s'apprête à sortir de son plan d'aide de 78 milliards d'euros accordé il y a trois ans, recevra une dernière tranche d'aide de la zone euro en juin, a annoncé avant-hier le Fonds de soutien de la région, le FESF. Le versement de cette somme, de 1,2 milliard d'euros, a été validé jeudi après la 11e évaluation du plan de sauvetage décidé au printemps 2011. C'est le dernier versement du FESF, qui aura déboursé au total 26 milliards d'euros. Il y a trois ans, le Portugal avait perdu l'accès aux marchés. Après des efforts d'ajustement douloureux mais nécessaires sur le plan économique, le pays commence à voir porter ses fruits, a déclaré Klaus Regling, le patron du FESF, dans un communiqué. La fin du programme d'aide n'est pas la fin du processus de réformes, a-t-il prévenu, rappelant qu'il reste encore de nombreux défis à relever. Mais le Portugal est en bonne position pour les affronter, a-t-il assuré. Dans sa dernière évaluation du plan de sauvetage, la Commission européenne estime que le Portugal devrait retrouver un accès durable aux marchés financiers à des taux d'intérêt soutenables, même si des risques demeurent à plus long terme. La mise en œuvre du programme d'assainissement budgétaire reste sur la bonne voie, estime Bruxelles. La détermination du gouvernement à terminer avec succès ce programme a été récompensée par une baisse des taux d'intérêt et une demande croissante à l'égard de la dette portugaise, souligne le rapport. Le Portugal a franchi une nouvelle étape mercredi pour retrouver son autonomie financière, lors de sa première émission régulière de dette à long terme depuis 2011, qui lui a permis d'emprunter 750 millions d'euros, à des taux en nette baisse. Les besoins de financement du pays sont assurés pour cette année, mais à plus long terme, des risques demeurent, tels qu'un changement brutal de la perception des investisseurs, provoqué par des événements internes ou externes, ont prévenu les experts européens. Malgré un retour de la croissance et une baisse du chômage, la reprise demeure fragile, a indiqué la Commission qui pointe la vulnérabilité du pays en raison notamment d'une dette publique élevée, qui avoisine les 130% du PIB. A l'instar du Fonds monétaire international (FMI), la Commission européenne encourage Lisbonne à poursuivre ses efforts de réformes structurelles, notamment en matière d'assouplissement du marché du travail, afin de stimuler la croissance.
Décision sur la sortie du programme de sauvetage avant le 5 mai La troïka des créanciers (Commission européenne, BCE et FMI) a entamé mardi le dernier examen des comptes du pays, avant la sortie du plan d'aide prévue mi-mai. Le gouvernement portugais n'a toujours pas dévoilé s'il comptait demander à ses partenaires européens une ligne de crédit de précaution ou retourner sur les marchés sans filet de sécurité, comme l'a fait l'Irlande avant lui. Sa décision est attendue avant le 5 mai, a confirmé le Premier ministre Pedro Passos Coelho. C'est donc avant la date de la prochaine réunion des ministres des Finances de la zone euro que le Portugal dira s'il demande à ses partenaires européens une ligne de crédit de précaution ou s'il compte retourner sur les marchés sans filet de sécurité, à l'instar de l'Irlande. "Nous parlerons de la sortie du programme quand le rapport du dernier examen de la troïka sera sur la table", a déclaré M. Passos Coelho lors d'une conférence organisée par le journal de référence Diario Economico. Le Portugal sortira le 17 mai de son programme d'aide internationale de 78 mrd EUR accordé en mai 2011, même si le déboursement de la dernière tranche de crédit devrait tarder jusqu'à fin juin. Le Premier ministre portugais a laissé entendre que la position de certains pays comme l'Allemagne, qui a marqué une claire préférence pour une sortie sans filet, devrait également peser sur la décision. "L'Allemagne doit soumettre le cas échéant un éventuel programme de précaution à son Parlement. Dans une certaine mesure, c'est naturellement une difficulté", a-t-il reconnu avant d'ajouter qu'"il n'y a pas d'objection de fond" de la part de Berlin. "La chancelière Angela Merkel a déclaré publiquement qu'elle allait soutenir devant le Parlement allemand la décision prise par le Portugal, quelle qu'elle soit", a-t-il ajouté. "Quand on veut prendre la mer, il faut d'abord analyser les conditions de la mer. Prendre beaucoup de précautions quand la mer est plate peut suggérer qu'on ne sait pas nager, mais le meilleur nageur ne peut rien contre une grosse houle", a-t-il relevé. Les chefs de mission de la troïka ont entamé mardi à Lisbonne leur dernier examen du programme de rigueur du Portugal, qui devrait aboutir, en cas de satisfecit, au paiement de l'ultime chèque de 2,6 milliards d'euros. Pour rappel, le Portugal est parvenu mercredi à lever 750 millions d'euros de dette à dix ans, à des taux d'intérêt en nette baisse, lors de sa première émission régulière à long terme depuis son sauvetage financier en 2011. L'opération, marquée par une forte demande des investisseurs, représentait un test crucial auprès des marchés en vue de la conclusion le 17 mai du plan de redressement négocié il y a trois ans avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international. Le taux d'intérêt s'est établi à 3,575%, contre 5,112% lors de l'émission à dix ans réalisée en février dernier par le biais d'un emprunt syndiqué, a indiqué l'Institut de gestion du crédit public (IGCP). Lors des précédentes émissions à long terme, le Trésor portugais avait eu recours à un syndicat bancaire pour préparer son retour sur les marchés en limitant les risques d'échec. La demande a dépassé l'offre 3,5 fois, a précisé l'agence portugaise de la dette, qui visait lors de cette opération un montant compris entre 500 et 750 millions d'euros. Le Portugal a réussi à émettre de la dette à des taux historiquement bas. On n'a pas connu des taux aussi bas depuis au moins 2006, a réagi Filipe Silva, stratégiste obligataire à la Banco Carregosa. Le plus surprenant, a-t-il ajouté, c'est que le taux de cette émission est encore plus bas que le taux de 3,6% que l'on observe sur le marché secondaire, où s'échangent les titres de dette déjà émis.