Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri, a affirmé jeudi à Alger que ses services avait mis sur le marché plus de 300.000 tonnes de pomme de terre au cours des dernières semaines afin de satisfaire une demande croissante sur cette denrée. Cette quantité devait être mise sur le marché pour éviter toute indisponibilité de ce produit, notamment en cette période dite de soudure qui s'étale jusqu'au mois d'octobre. Entre-temps, le tubercule n'est pas sorti du frigo et le marché n'a pas été alimenté. D'où la pénurie qui a engendré une flambée inattendue des prix atteignant les 100 DA le kilogramme. Le ministre qui s'exprimait devant la presse en marge d'une séance consacrée aux questions orales au Conseil de la nation, a indiqué qu'en raison de la période de soudure, le secteur a procédé au déstockage de certains fruits et légumes pour satisfaire la demande locale. M. Nouri a imputé la hausse, ces derniers jours, des prix des fruits et légumes à "un dysfonctionnement dans les marchés" ajoutant qu'il envisageait de procéder, en collaboration avec le ministère du Commerce, à une opération d'organisation et de régulation des marchés afin de garantir la fluidité des produits notamment au niveau des marchés de gros. Pour le ministre, ce dysfonctionnement du marché est dû à une faille entre les marchands de gros et ceux du détail. Une faille que le ministère tend à rattraper en tant que partie concernée, a-t-il ajouté. La production "est disponible mais nous devons organiser le marché", a-t-il encore ajouté. Il a indiqué dans ce sens que les marchés de gros à l'instar de ceux d'Attatba et des Eucalyptus (Alger), ne répondaient pas aux moindres normes nécessaires. "Une opération d'envergure s'impose pour réorganiser les marchés selon les normes requises et lutter contre les intermédiaires". A une question sur les efforts du département en matière de lutte contre la désertification, M. Nouri, indique que ses services avaient mis en œuvre quelque 9000 projets de développement local avec l'implication des populations de ces régions dont 2925 projets de proximité de lutte contre la désertification et de développement des steppes ont été lancés dans 30 wilayas steppiques, sahariennes et subsahariennes pour la réhabilitation des ressources naturelles. Ces projets sont à même d'élargir la couverture végétale, de traiter les bassins versants et de préserver les écosystèmes. Le ministre a ajouté dans le même contexte que les études relatives à l'élargissement du barrage vert dans le cadre du plan quinquennal 2015-2019, ont été confiées au Bureau national d'études et de développement local (BNEDER). Des programmes sont élaborés selon les spécificités des régions steppiques qui s'étendent sur une superficie de 32 millions d'hectares dont le plan de réhabilitation des surfaces forestières résistant à la sécheresse, devant entrer en vigueur après la finalisation des études, a encore expliqué le ministre. La pomme de terre était, ces derniers mois, au cœur d'une spéculation continue entretenue par certains acteurs indélicats du marché. Néanmoins, l'on s'attend, affirme Mohamed Medjber, président de la Commission nationale des mandataires dans les marchés de gros des fruits et légumes, à une amélioration de la situation avec l'arrivage dans les 43 marchés de gros du pays de quelque 40 000 q dès la mi-novembre. Il s'agit de la production des wilayas de Mostaganem, d'Aïn Defla, de Bouira, de Mascara… qui inondera le marché à partir du 15 novembre en cours. Une fois arrivées, ces quantités vont assurément faire baisser les prix jusqu'à la fourchette 50-60 DA au lieu de 80 DA, voire 100 DA, actuellement. Au cours de la conférence de presse organisée hier par l'Ugcaa, Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole, relève que les chambres froides "ne sont pas assez organisées et pas suffisamment contrôlées". "Il faut reconnaître qu'il existe un monopole et une spéculation à un certain degré, sinon, pourquoi toutes ces quantités de pommes de terre stockées et qui ne sortent pas des espaces frigorifiques ?", affirme-t-il. Face à ce constat, l'Ugcaa demande au ministère de l'Agriculture de diligenter une enquête sur le fonctionnement des chambres froides en Algérie.