Le groupe pharmaceutique français Sanofi, dont le directeur général a été remercié il y trois semaines, a voulu répondre aux interrogations suscitées par ce changement brutal, en présentant avant-hier aux investisseurs un programme "accéléré" de 18 lancements de produits d'ici 2020. "Ces projets rendent compte tout à la fois de la bonne tenue de la stratégie de Sanofi en place depuis 2008 et de la vitalité de son portefeuille de R&D", a déclaré Serge Weinberg, président du conseil d'administration et directeur général de Sanofi, cité dans un communiqué. Le laboratoire français Sanofi devait détailler plus tard dans la journée neuf de ces lancements devant les investisseurs, réunis au siège de sa filiale américaine Genzyme à Cambridge, dans l'agglomération de Boston. L'annonce lors des résultats du troisième trimestre d'un horizon assombri pour l'activité diabète aux Etats-Unis avait été mal reçue par les marchés financiers, qui avaient appris dans la foulée le 29 octobre l'annonce surprise de l'éviction du directeur général Chris Viehbacher. Au final, le cours de l'action Sanofi avait été lourdement sanctionné, le titre abandonnant près de 15% sur deux jours. Le groupe a donc réagi avec la promesse de lancements "à un rythme accéléré dès 2014". Jusqu'à 18 nouveaux médicaments et vaccins sont sur les rails et "pourraient potentiellement générer un chiffre d'affaires cumulé de plus de 30 milliards d'euros au cours des cinq premières années de vente" (à changes constants), selon Sanofi.
Exécution et innovation Serge Weinberg, qui a pris les rênes du groupe après l'éviction de M. Viehbacher et dans l'attente de la nomination d'un nouveau directeur général, assure aussi que la période qui s'ouvre "s'accompagnera d'un solide investissement dans l'excellence et l'exécution". L'un des reproches adressés à M. Viehbacher était "un problème d'exécution". M. Weinberg affirme également que "l'innovation pour continuer d'étoffer (le) portefeuille existant" reste une priorité. M. Viehbacher avait piloté un virage majeur dans la recherche et développement du groupe, qui a été largement ouverte vers l'extérieur et les partenariats avec des centres de recherche publics et des sociétés innovantes de biotechnologies. Le groupe a par ailleurs affiché sa confiance concernant l'avenir de sa division diabète, en prévoyant qu'elle aurait un chiffre d'affaires "stable ou en légère progression entre 2015 et 2018", malgré l'impact négatif du marché américain en baisse sur les ventes de l'insuline Lantus, son produit numéro un. Une prévision qui stipule toutefois comme condition qu'un biosimilaire substituable ne soit pas lancé sur le marché américain avant 2019. Sanofi table pour cela sur plusieurs produits: Toujeo, une nouvelle insuline basale en cours d'examen par les autorités réglementaires aux Etats-Unis et en Europe, Afrezza, une insuline inhalable à action rapide déjà approuvée par la FDA américaine, et Lixilan, une association d'insuline basale et de la molécule lixisénatide. Enfin, parmi les lancements prévus, Sanofi a confirmé qu'il déposerait en 2015 des demandes d'autorisation de mise sur le marché pour son vaccin contre la dengue, une maladie transmise par les moustiques.
Continuité dans la stratégie Comme cela avait été dit immédiatement après son départ, la stratégie appliquée depuis 2008 par M. Viehbacher n'est pas remise en cause. De fait, les analystes tablaient plutôt sur une continuité avec ce qui a été fait depuis 6 ans, et qui était soutenu par le marché. "Globalement, on est dans un groupe qui est dans une dynamique et une forme qui est quand même relativement bonne", a souligné cette semaine Vincent Genet, associé du cabinet Alcimed. "C'est l'une des raisons pour lesquelles (...) on est plutôt dans une logique de continuité dans la stratégie qui a été mise en place que dans la nécessité absolue de faire un virage". "Dans les choix stratégiques et les priorités (...) aujourd'hui, il n'y a pas nécessairement à attendre de révolution au moment de la prise de fonction" d'un nouveau directeur général, mais "peut-être un changement dans la forme", a-t-il ajouté. Vincent Bildstein, directeur du cabinet IMS Health France, estimait pour sa part que "Sanofi aujourd'hui est bien positionné par son portefeuille de produits de spécialités et de produits de niche" qui "sont des marchés en croissance partout dans le monde". "On n'est certainement qu'au début de l'explosion de ces marchés", notait-il. Par ailleurs, Sanofi et son partenaire américain Regeneron ont annoncé jeudi que l'anticorps dupilumab a obtenu auprès des autorités sanitaires américaines l'appellation de "découverte capitale" pour le traitement de la dermatite atopique chez l'adulte. A la bourse de Paris, l'action Sanofi a ouvert en baisse et s'échangeait à 75,22 euros (-2,10%) à 09H30 dans un marché en recul de 0,74%.