La mort du roi Abdallah d'Arabie saoudite puis le couronnement du prince Salmane Ben Abdelaziz, nouveau monarque, n'ont absolument pas changé la descente vertigineuse du prix du baril de pétrole. Le nouveau roi tient ainsi à l'accord secret établi entre Riyadh et Washington et dont les contours se dessinent de plus en plus. C'est ce qu'explique le Wall Street Journal. Premier signe d'un réchauffement des relations entre l'Arabie saoudite et les Etats-Unis, devenues très tendues après le soutien de Washington aux révolutions arabes et aux Frères musulmans, notamment en Egypte, l'Arabie saoudite s'est jointe officiellement aux Etats-Unis et aux Occidentaux dans le combat contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie. Mais il y a deux autres parties encore plus importantes à cet accord négocié par le Secrétaire d'Etat John Kerry. Le premier, écrit le Wall Street Journal, c'est que "le processus a permis aux Saoudiens de faire pression sur les Etats-Unis pour obtenir un engagement d'entraîner les rebelles combattant Bachar al-Assad, dont le renversement est toujours considéré par les Saoudiens comme une priorité". La deuxième partie de l'accord, c'est le prix du pétrole, qui est une arme de premier plan dans la guerre que se livrent au Moyen-Orient les sunnites et les chiites et leurs alliés. D'un côté donc, l'Arabie saoudite, la Turquie, la Jordanie, l'Egypte et le Qatar et de l'autre, l'Iran, la Syrie et le Hezbollah. Riyadh a tout simplement décidé de faire baisser le prix du baril de pétrole, il lui suffit d'ouvrir un peu plus les vannes, pour peser économiquement et politiquement sur l'Iran et sur son allié et soutien, la Russie. Avec l'arme du pétrole, l'Arabie saoudite entend contraindre l'Iran à limiter ses ambitions d'armement nucléaire et obtenir de la Russie qu'elle cesse de soutenir à bout de bras le régime de Damas. Deux objectifs que partage maintenant la Maison Blanche. Aujourd'hui, le problème est bien plus sérieux. Le sentiment qu'on se fait: plus aucune confiance en l'Opep, plus que jamais sous tutelle des Américains et de leurs vassaux arabes, les pétrodollars. Une organisation dominée par les grandes puissances. Plus personne, aujourd'hui, n'a la capacité de dégeler cette situation. Ce n'est plus possible. La croissance vertigineuse du pouvoir économique des Etats-Unis sur les monarchies du Golfe est sans retour. Une influence si grande qu'elle ne connaît aucune limite. En un mot, c'est toute la structure de l'Opep qui est en train d'être minée. La poursuite de la chute du prix du pétrole est dès lors traduite comme une véritable guerre économique et politique opposant ouvertement les pétrodollars sous la dictée du Département d'Etat américain, à l'ensemble des pays producteurs, notamment l'Algérie, l'Iran, la Russie, le Venezuela, et le Nigeria, afin d'entraver leurs principaux revenus tirés du pétrole.