L'ambassade d'Italie à Tripoli a suspendu dimanche ses activités en raison de l'aggravation des conditions de sécurité, et son personnel a été rapatrié à titre provisoire, a annoncé un communiqué du ministère des Affaires étrangères. Il s'agit de la dernière ambassade occidentale en Libye à évacuer son personnel, même si on préfère parler à Rome d'un allègement de la présence italienne, non d'une évacuation. Une aide logistique a aussi été offerte aux ressortissants italiens pour qu'ils quittent temporairement le pays. Les services essentiels de l'ambassade restent assurés. Le ministre Paolo Gentiloni s'est félicité que la fermeture temporaire de l'ambassade se soit faite rapidement et de manière ordonnée. La Marine militaire a escorté un bateau transportant les Italiens à travers la Méditerranée. Selon la chaîne RAINews24, il avait à bord quelque 150 personnes et devait faire escale à Malte avant de rejoindre un port italien. Le ministère invitait ses ressortissants à quitter le pays depuis le 1er février en raison de l'insécurité croissante. La suspension des activités de l'ambassade a été décidée après divers épisodes hostiles dans les centres urbains, y compris Tripoli, à l'encontre de l'Italie et des ressortissants italiens. Une centaine d'expatriés italiens se trouvaient ces derniers jours en Libye. Ils étaient venus pour leur travail, notamment pour le compte de la société ENI (gaz et pétrole). Par ailleurs, plusieurs centaines de Libyens de souche ont la double nationalité. Un récent attentat contre un hôtel à Tripoli et la progression de milices jihadistes proches du groupe Etat islamique (EI) inquiètent l'Italie, qui souhaite participer à une opération militaire de maintien de la paix dans le cadre de l'ONU. M. Gentiloni a expliqué, dans un communiqué, que l'Italie restait mobilisée pour reconstruire un Etat unitaire et global en Libye sur la base de la négociation lancée par l'envoyé spécial de l'ONU, Bernardino Leon. Elle est prête à apporter sa contribution en Libye dans le cadre des décisions de l'ONU, a-t-il précisé, pour souligner qu'elle n'allait pas intervenir seule. Dans une interview au quotidien La Stampa, le représentant du Vatican à Tripoli (vicaire apostolique), Mgr Giovanni Martinelli, de nationalité italienne, a déclaré vouloir rester pour le moment en solidarité avec environ 300 Philippins catholiques restés à Tripoli. Les autres chancelleries ont suspendu leurs activités en Libye cet été après qu'une coalition de milices (Fajr Libye) s'est emparée de la capitale au terme de combats meurtriers. D'autres pays, notamment africains, maintiennent leur dispositif dans la capitale libyenne. Mais la plupart des pays arabes, comme l'Egypte, les Emirats arabes unis, la Tunisie, l'Algérie ou l'Arabie saoudite ont aussi fermé leurs ambassades et ont évacué leurs personnels diplomatiques. Toutes les compagnies aériennes étrangères ont aussi suspendu leurs vols.