Un programme national de conservation des races ovines et caprines en danger de disparition devrait être mis en place prochainement afin de mettre fin à l'érosion génétique de ce cheptel, a indiqué un responsable du secteur. Il s'agit de mettre en place un réseau national d'information ayant pour mission de coordonner les opérations de prospection, d'inventaire, d'étude et de préservation de toutes les races ovines et caprines en voie de disparition, a expliqué le directeur général de l'Institut national de la recherche agronomique d'Algérie (INRAA), Fouad Chehat, lors d'un atelier national sur la valorisation de ces races animales. Afin de mettre un terme à ce type d'érosion génétique et de valoriser ces races, le renforcement de leur résilience aux phénomènes naturels comme les changements climatiques est l'une des mesures impératives, a-t-il ajouté. L'Algérie compte environ 30 millions de têtes de petits ruminants dont 25 millions d'ovins, a-t-il détaillé en indiquant qu'une grande partie des éleveurs ont abandonné des races utiles économiquement, ce qui a entraîné une forte diminution de ce cheptel. D'après M. Chehat, il existe au moins six (6) races connues dont quatre (4) en situation d'extinction et d'autres méconnues. Des travaux de conservation de quatre races ovines sont menés actuellement au niveau de l'INRAA et de l'Institut technique de l'élevage (ITELV) telles les races Hamra, Taadhmit et Tazgzaout de Kabylie. Pour la Hamra, l'ITELV a déposé un cahier des charges au niveau de l'Institut algérien de normalisation (IANOR) définissant le standard de cette race pour qu'elle soit reconnue en tant que telle, et ce, aussi bien aux niveaux national qu'international. A titre d'exemple, la race ovine connue d'Ouled Djellal, bien qu'elle soit protégée, n'est, toutefois, pas standardisée. Par ailleurs, il a relevé l'absence de recherche sur les races caprines à l'instar de la chèvre "Naine" ou "Mikati". "Donc, le travail est encore long puisqu'il y a des races en voie d'extinction sur lesquelles il faut travailler", a insisté M. Chehat. De plus, les chercheurs ne disposent pas suffisamment d'indices sur le nombre d'animaux existants pour chaque race et les endroits précis où ils vivent. Avant de mettre en place ce programme de conservation, les chercheurs des différents instituts et universités vont devoir échanger et partager les expériences et connaissances sur ces races à effectif réduit. La première étape de ce programme concerne l'évaluation des effectifs de ces races existantes, suivie d'une deuxième phase qui consiste à caractériser de manière très précise ces races selon les règles internationales. La troisième étape est d'arriver à faire le choix de la méthode de conservation la plus pertinente dont la meilleure, selon M. Chehat, serait la méthode in situ (milieu naturel) qui consiste à conserver les races chez les éleveurs du fait qu'elle permet de développer le nombre du cheptel à un niveau appréciable. L'autre méthode intéressante pour les chercheurs est celle des embryons et semences congelés. Le but final est d'arriver à dresser un schéma national de conservation incluant les droits de propriété de ces races, résume ce chercheur soulignant la nécessité de fédérer toutes les compétences autour de ce travail qui vise à protéger les ressources génétiques nationales. Les recommandations de cet atelier devraient être formulées sous forme de programmes d'action que le gouvernement pourrait inscrire dans le programme quinquennal 2015-2019.